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conduisit très honorablement, fut blessé au combat de South-Mountain, et assista aux batailles de Cloyd-Mountain et d’Opequan ; la fin de la guerre, il se retira avec le rang de brigadier, ou général de brigade, dans l’armée volontaire. Il dut à l’affection que lui portaient ceux de ses compatriotes qui avaient servi avec lui d’être immédiatement envoyé au congrès comme représentant de l’Ohio ; mais il y fit médiocre figure. Réélu en 1866, il donna sa démission l’année suivante, par suite de son élévation aux fonctions de gouverneur de son état. Il fit preuve dans ce nouveau poste des qualités qu’il avait montrées partout : la modestie, l’affabilité, l’exactitude et l’application à ses devoirs. Après une seconde élection, dont il fut honoré en 1869, il parut vouloir se retirer de la vie publique pour se consacrer à sa profession et à l’éducation de ses nombreux enfans. Il était devenu, par un héritage, le plus grand propriétaire terrier de l’Ohio, il en était demeuré l’homme le plus populaire ; aussi en 1875, lorsque les républicains de cet état voulurent réparer l’échec qu’ils avaient subi aux élections de l’année précédente, ils allèrent chercher M. Hayes dans sa retraite et lui imposèrent la candidature au poste de gouverneur. Le résultat répondit à leur attente : M. Hayes fut élu une troisième fois, et c’était cette élection qui lui valait la candidature à la présidence.

M. Wheeler est à peine plus âgé que M. Hayes ; il est né, le 3 juin 1819, à Malone, dans l’état de New-York. Après avoir étudié le droit à l’université de Vermont, il revint à Malone et y exerça pendant sept ou huit années la profession d’avocat. Il se mit ensuite dans les affaires et devint successivement secrétaire-général, puis président d’une compagnie de chemin de fer. Depuis 1857, M. Wheeler a joué un rôle actif dans la politique locale : il a siégé près de dix années soit dans la chambre des députés, soit dans le sénat de l’état de New-York, et depuis 1868 il est l’un des représentans de cet état au congrès. La part qu’il a prise aux travaux de la chambre, ses relations avec le président Grant, la négociation et l’heureuse issue du compromis qui a pacifié la Louisiane, l’ont mis en évidence, et il est beaucoup plus connu que M. Hayes. Les considérations qui ont dicté le choix de son nom se devinent aisément. Depuis 1860, le président a toujours appartenu à l’ouest ; en prenant encore pour candidat un homme de l’ouest, les républicains devaient un dédommagement aux populations du nord, et l’état de New-York pèse d’un trop grand poids dans la balance électorale pour qu’on n’essayât point de s’assurer ses suffrages. Ajoutons que les compagnies de chemins de fer, groupées en divers syndicats, se mêlent activement à la politique et exercent une influence considérable sur les élections. M. Wheeler, en relations étroites avec toutes les compagnies,