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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/320

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le propre des époques d’évolution populaire, et les contemporains dont elles blessent les yeux et les sentimens ne sauraient oublier, sous peine d’injustice, que c’est le patrimoine des générations à venir qui sortira de ces efforts incohérens. D’ailleurs au sein même de ce chaos il est de réels progrès qui frappent tous les regards, ce sont parmi les transformations actuelles celles qui répondent à un véritable besoin et constituent une amélioration de l’état général du pays.

Il n’est que juste de citer en première ligne, parmi les grands travaux publics entrepris par le gouvernement, l’arsenal maritime de Iokovska, car il est à la fois l’un des plus anciens, l’un des plus considérables et l’un des plus utiles. La fondation de l’arsenal, qui remonte à 1867, est l’œuvre de notre compatriote M. Verny, qui l’a dirigé jusqu’au 1er janvier 1876 : il occupe une superficie de 18 hectares dont 17,000 mètres de surface couverte ; il emploie 1,200 ouvriers, dirigés par 30 employés français, dont 2 ingénieurs, et 56 officiers japonais ; la construction a coûté 1,400,000 piastres, et les dépenses ou recettes annuelles s’élèvent à environ 300,000 piastres. Il peut recevoir dans ses cales sèches des navires de première grandeur, et rend des services incomparables, soit à la marine nationale, soit à la navigation étrangère. Le mikado y est venu, à plusieurs reprises, assister au lancement des navires construits sur ses chantiers. Une annexe placée à Yokohama même comprend des ateliers de construction dont la dépense annuelle s’élève à 30,000 piastres. On ne peut que regretter la récente mesure qui vient d’enlever la direction unique aux mains européennes pour la remettre à des mains japonaises moins expérimentées.

L’arsenal militaire de Yeddo remonte à 1872 ; il a été fondé par le capitaine Lebon, membre de la mission militaire française, sur l’emplacement d’un ancien yaski du prince de Mita, dont il a pris le nom. La construction totale en est à peine achevée, mais on peut dès à présent y fabriquer affûts, voitures, harnachemens, en un mot tout le matériel d’artillerie, à l’exception des canons de bronze, pour lesquels une fonderie spéciale existe à Osaka, au centre des provinces métallifères. L’arsenal comprend un atelier d’ajustage possédant les machines-outils des derniers types et une fonderie de fer. Une manufacture d’armes et un établissement de pyrotechnie y sont annexés ; la manufacture d’armes devait fonctionner à partir du 1er janvier 1876 : les événemens extérieurs en ont fait suspendre provisoirement les travaux. L’établissement de pyrotechnie, comprenant une école centrale de pyrotechnie, est outillé pour fabriquer 30,000 cartouches Boxer par jour. L’ensemble de ces trois établissemens, groupés autour de l’ancien parc de Mito, occupe une étendue de 60 hectares et possède 7 moteurs à vapeur et un