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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/674

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commencent à venir à Paris, et c’est le port Saint-Paul qui leur est assigné comme lieu de vente. On le voit, les houilles anglaises, qui arrivent par la basse Seine, s’arrêtent au port d’aval, tandis que les houilles françaises, qui viennent par le haut du fleuve, se vendent au port d’amont. Au reste la houille anglaise continua d’être importée : « les ouvriers la trouvaient meilleure. » On ne recevait le charbon qu’à l’état de menus, et il était employé principalement par les forgerons, les armuriers, les ceinturonniers, etc. C’est seulement en 1774 qu’on essaya de l’utiliser pour le chauffage des maisons ; cette année-là, l’hiver étant très dur et le bois fort cher, le peuple se porta en foule aux ports Saint-Paul et de l’École pour acheter du charbon ; mais « la malignité de ses vapeurs et son odeur de soufre » en inspirèrent si vite le dégoût, qu’on renonça à s’en servir.

Cependant en 1717 Nicolas Desaubois avait découvert le gisement de Fresnes, dans le Hainaut français, et MM. Desandrouin et Taffin, auxquels il céda son privilège, avaient trouvé en 1734, après douze ans de recherches, la célèbre veine Maugretout, point de départ de la fortune de la compagnie d’Anzin et de l’industrie houillère dans nos départemens du nord. De même, en 1769, M. de la Chaise avait obtenu une concession sur le territoire de l’ancienne baronnie de Montcenis, dans le bassin de Saône-et-Loire, qui est devenu le berceau du puissant établissement du Creusot. Néanmoins la production du charbon resta pendant longtemps encore presque insignifiante en France, car en 1789 elle ne s’élevait qu’à 250,000 tonnes, avec une importation à peu près équivalente. C’est seulement après 1830 que l’on voit l’usage du charbon de terre se généraliser à la fois dans les usines et dans les demeures : l’extraction atteint près de 2 millions de tonnes, et l’importation dépasse 600,000 tonnes. Dès lors l’exploitation des mines d’Anzin et du Creusot prend son essor, et des compagnies nouvelles se forment de tous les côtés.

En 1873, il y avait en France 612 concessions de combustible minéral, d’une étendue superficielle de 540,000 hectares ; mais 335 seulement de ces concessions étaient exploitées. Pour la houille proprement dite, la production des 204 concessions s’est élevée à près de 16 millions de tonnes ; en y ajoutant 131 exploitations de lignite et d’anthracite, qui ont fourni 1 million 1/2 de tonnes, on arrive à un total de 17 millions 1/2 de tonnes, représentant sur le lieu d’extraction une valeur de près de 300 millions de francs. Tel est le bilan de notre production houillère en 1873 ; les chiffres de 1874 et de 1875 ne diffèrent pas sensiblement de ceux de l’année précédente, autant qu’on peut en juger par les statistiques qui ont