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LA DIFFICULTE
DE
LA SITUATION POLITIQUE

Quand le gouvernement, dans les discours de ses ministres à leurs électeurs, tient le langage de la confiance et de la satisfaction, quand il leur parle de l’apaisement des partis et de l’impuissance des factions devant la loi constitutionnelle du pays, nous trouvons qu’il a tout à fait raison. D’abord n’est-ce pas son rôle et son devoir de gouvernement de rassurer le pays en laissant à ses adversaires ou à ses amis le soin de signaler, s’il y a lieu, les embarras et les périls de la situation ? Ensuite, nous pensons que, sans s’abuser, on peut être optimiste en ce moment, au moins dans une certaine mesure, si l’on compare la situation actuelle avec toutes celles que nous avons traversées sous l’assemblée nationale. Depuis le vote des lois constitutionnelles, nous avons un gouvernement, non pas seulement défini, mais définitif, avec cette simple clause d’une révision légale, partielle ou totale, conséquence nécessaire du principe de la souveraineté nationale. Affirmer que cette constitution, alors même qu’elle ne serait pas révisable, suffit à l’avenir comme au présent, serait méconnaître le droit du pays, dont la volonté domine toujours les constitutions votées par les assemblées auxquelles il a délégué ses pouvoirs. Même chez les peuples où le pouvoir est placé au-dessus de la volonté nationale, toute charte octroyée ou acceptée est toujours révisable, en ce sens qu’elle est perpétuellement à l’épreuve dans nos sociétés modernes, et qu’elle ne reste légitime qu’autant qu’elle réussit à assurer l’ordre, la liberté, la prospérité du pays. Il n’y a plus de droit absolu aujourd’hui, pas plus pour les monarchies que pour les républiques. Ne voit-on pas