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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/749

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universelle de l’élection populaire à toutes les fonctions publiques : telle est la constitution qu’ils entendent substituer à celle qui nous régit, au jour fixé pour la révision. Il est bien clair que ce parti n’est pas plus constitutionnel que ceux qui n’ont pas voté la constitution et ne s’y sont point ralliés. Voilà pourquoi il n’est pas inutile d’inscrire dans le programme d’une politique de gouvernement l’épithète de constitutionnelle, qui complète, détermine et définit le nom de république. Ce n’est pas un principe seulement que les auteurs de la constitution, du moins la grande majorité, ont voulu poser, sauf à laisser au temps l’œuvre des applications ; c’est toute une organisation politique, très complexe, compliquée de rouages inutiles ou gênans pour les amis de la pure logique, mais réputés indispensables par tous les politiques de l’école de l’expérience qui croient à la nécessité de régler les mouvemens d’une démocratie comme la nôtre, sous peine de la voir se perdre dans l’anarchie ou le despotisme. Pour ceux-ci, les institutions propres à modérer les entraînemens inévitables d’une assemblée directement issue du suffrage universel ne sont pas moins essentielles au gouvernement républicain que le principe même sur lequel il repose. C’est là ce que comprend le ministère actuel, ce que veut le pays, et ce qu’il faut entendre par le mot de politique constitutionnelle.

Une politique conservatrice ne rencontrerait peut-être pas la même majorité dans le parti républicain, surtout si elle était comprise à la façon de certains conservateurs, même constitutionnels, de la droite. C’est donc un mot qu’il importe de bien expliquer. L’esprit républicain, c’est son honneur et son danger tout à la fois, incline naturellement plutôt vers la politique de progrès que vers la politique de tradition conservatrice. Toujours les yeux fixés sur l’idéal, il tend à faire prévaloir la logique des principes sur l’expérience des réalités. C’est donc avec une certaine hésitation et un sentiment pénible de déception qu’il consent à subir les nécessités de situation qui s’imposent à son patriotisme. Se résigner à ces nécessités, c’est toute la différence qui distingue l’esprit républicain de l’esprit radical. Or c’est précisément le moment de montrer si, au culte des principes qu’il ne peut abandonner, il sait joindre ce sens pratique sans lequel il ne peut être, nous ne disons pas un parti de gouvernement, mais même un parti d’opposition, un parti politique en un mot. La situation de notre pays, telle que l’ont faite les désastres de la dernière guerre, n’a pas cessé d’être grave depuis les premiers jours de notre réorganisation. Toujours menacé, s’il reste faible, il a autant besoin de la paix intérieure que de la paix extérieure pour se relever et reprendre ses forces. Après, même qu’il aura réorganisé son armée, rétabli ses finances, perfectionné son industrie, développé son commerce, Il ne sera réellement fort