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LE
CENTENAIRE AMERICAIN
ET
L'EXPOSITION DE PHILADELPHIE

Le 4 juillet 1876 marquait pour les États-Unis une date mémorable. Il y avait juste un siècle qu’à pareille époque quelques petites colonies anglaises de l’Amérique du Nord s’étaient tout à coup séparées de la métropole et avaient proclamé courageusement leur indépendance dans un acte resté fameux. Elles avaient dû bien vite conquérir leur liberté par les armes, et la force, après des vicissitudes diverses, était enfin restée au bon droit. Puis l’enfant avait grandi. Au bout de cent ans à peine, cette nation, si éparse et si faible au début, recensait plus de 40 millions d’habitans. Au lieu de treize états originaires, elle en comptait trente-sept[1], non compris dix territoires, et entre les deux océans, l’Atlantique et le Pacifique, elle couvrait à elle seule un espace aussi étendu que toute l’Europe centrale. Après des commencemens difficiles et dont l’issue avait paru douteuse à plus d’un, elle était arrivée à un tel développement de prospérité et de force qu’elle commandait le respect des autres nations et l’admiration du monde. Le moment n’était-il pas venu de constater hautement tous ces résultats dans une sorte de grande fête internationale et d’augmenter le lustre jusque-là attaché à chaque commémoration annuelle par une de ces solennelles assises des arts et de l’industrie auxquelles les vieilles nations de l’ancien monde ont l’habitude de convier tous les peuples ? C’est ainsi que germa dès 1870, dans l’esprit des Américains, l’idée d’une

  1. Aujourd’hui trente-huit, le territoire de Colorado ayant été admis au rang d’état au mois d’août dernier.