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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/803

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Dans la somme à percevoir pour faire face à toutes les dépenses, le gouvernement s’inscrivit pour 1 million 1/2 de dollars. La municipalité de Philadelphie se porta garante pour la même somme ; l’état de Pensylvanie versa 1 million ; 2 millions 1/2 furent recueillis par souscription dans les différens états de l’Union, et 500,000 dollars par la vente de diverses concessions faites dans l’exposition même. C’était en tout 7 millions de dollars, ou plus de 35 millions de francs. Cette somme a été absorbée par les travaux de terrassement et l’érection de cinq grands bâtimens : le main building, ou bâtiment principal, réservé aux produits des mines et des manufactures ainsi qu’à l’éducation et à la science, la galerie des machines, le bâtiment de l’agriculture, celui de l’horticulture, enfin le bâtiment des beaux-arts. Pris ensemble, ces édifices couvrent une surface d’environ 20 hectares. Il faut y ajouter, pour toutes les annexes couvertes répandues dans l’enceinte de l’exposition : bâtiment des États-Unis, bâtiment des divers états, etc., environ dix autres hectares, ce qui porte à 30 hectares la surface totale couverte. L’exposition de Paris en 1867 ne couvrait que 16 hectares, celle de Vienne, en 1873, 20. On calcule que l’exposition de 1878 à Paris couvrira 27 hectares, dont 24 pour le bâtiment principal du Champ de Mars.

Si on l’examine dans son ensemble et sans parti-pris, on peut dire que l’exposition de Philadelphie, par l’impression qu’elle laisse, n’est pas inférieure à ses aînées, Le commissaire général de l’exposition française de 1867 avait réalisé la disposition la plus commode pour l’étude, en imaginant un édifice de forme circulaire où les nations étaient rangées sur les rayons, et les produits similaires sur le pourtour. De cette façon, en allant de la circonférence au centre, ou plutôt en parcourant les divers secteurs ou tranches successives du bâtiment, on étudiait les différentes nations l’une après l’autre, et l’on pouvait les comparer aisément entre elles. En suivant au contraire la circonférence, on embrassait pour ainsi dire d’un seul coup d’œil les mêmes produits, par exemple les meubles, les tissus de pays différens, et l’on pouvait tirer de cet examen facile un nouvel enseignement immédiat. Rien de pareil ne s’est vu depuis ni à Vienne ni à Philadelphie ; mais il faut bien reconnaître aussi que l’art et le coup d’œil y ont gagné quelque chose, si l’ordre méthodique y a perdu. Il ne viendra à personne l’idée de mettre en parallèle, sous le rapport architectural, le bâtiment de 1867, lourd, écrasé, de forme insolite et comparé par quelques-uns, non sans raison, a un serpent qui se mordait la queue, avec le bâtiment principal de Vienne et encore moins avec ceux de Philadelphie. Ceux-ci, de styles divers, de formes la plupart heureuses, quelques-unes nouvelles, originales, font le plus grand honneur aux architectes qui les ont projetés et si rapidement