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de chaque balancier est de 11,000 kilogrammes, et la longueur de 8m,25. Les bielles pendantes, c’est-à-dire celles qui donnent le mouvement à la manivelle qui mène le volant, ont 7m,30 de long ; elles ont été confectionnées avec des débris de fer à cheval, et il en a fallu près de 20,000 pour les deux. Les manivelles pèsent 3,000 kilogrammes chacune. Le volant est denté ; il a 9 mètres de diamètre et pèse 56,000 kilogrammes : c’est le plus fort engrenage qui ait jamais été taillé. Il correspond avec un pignon de 3 mètres de diamètre, pesant environ 8,000 kilogrammes, fondu d’un seul bloc. Ce pignon est fixé sur un arbre principal de transmission, qui a 107 mètres de long et mène à son tour, par des roues d’angle ou coniques, quatre lignes d’arbres longitudinaux. Toute cette transmission est souterraine. Les arbres longitudinaux, au moyen de poulies et de courroies, meuvent chacun une ligne d’arbres extérieurs d’une longueur d’environ 200 mètres, lesquels donnent le branle à tous les mécanismes de la galerie des machines ; les courroies sont enfermées dans des compartimens vitrés afin d’empêcher tout accident et de rester exposées à la vue des visiteurs.

Le poids total de la machine est de 600,000 kilogrammes ; il a donc fallu, pour la transporter de Providence à Philadelphie, 60 wagons du port de 10 tonnes chacun. Ce transport a coûté 25,000 fr., la machine elle-même vaut plus d’un million. Elle a été exécutée et mise en place en moins de dix mois. Toutes les pièces en sont si bien agencées, si bien équilibrées ou soutenues, et les mouvemens si bien calculés, qu’aucune trépidation ne se produit ; tout semble manœuvrer aussi délicatement que dans un mécanisme d’horlogerie. De l’aveu des hommes compétens, c’est l’œuvre la plus remarquable de la galerie des machines, et l’une des plus grandes curiosités, peut-être la principale, de l’exposition de Philadelphie. Il est juste cependant de dire que la machine horizontale d’alimentation, qui puise l’eau dans la rivière Skuylkill et dessert tous les bâtimens du parc de Fairmount, peut aller de pair avec la machine motrice de Corliss. Celle-là a été conçue et montée par un constructeur de New-York.

Tout, dans la galerie des machines, attire l’attention ; aussi le public y accourt-il avec empressement. Ici, on fait devant lui des cigares, là du papier peint, plus loin du chocolat, des dragées, des pains de savon. Je passe sur les machines à filer, à tisser, que d’autres expositions, comme celles de Londres en 1862, exhibaient avec encore plus d’ampleur et de tapage ; mais laquelle a jamais mis en marche tant de machines diverses à ouvrer le bois, le fer, la pierre ? Il y en a une vingtaine qui forent automatiquement des trous de mine, et l’on ne s’étonne que d’une chose, c’est que les