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nos houillères ne pourraient tout d’un coup combler un pareil déficit. Le danger serait bien moindre s’il y avait une sorte de balance entre les entrées et les sorties, si notre exportation était assez développée pour qu’elle pût au besoin, en se retournant vers l’intérieur, combler le vide qui résulterait d’un arrêt des importations ; mais par malheur ce que nous exportons n’équivaut encore qu’à un dixième de notre importation. L’excès de cette dernière sur l’exportation est encore de 6 millions 1/2 de tonnes : c’est l’écart qui existe aujourd’hui entre la production houillère de la France et sa consommation. Il est vrai que depuis 1869, année où la consommation dépassait la production de 8 millions de tonnes, cet écart a sensiblement diminué ; grâce à l’activité extraordinaire de quelques-uns de nos grands établissemens miniers. Il est vrai aussi que le rôle prépondérant qui est dévolu à la Belgique dans notre importation houillère a de quoi nous rassurer. Nous n’avons pas à craindre qu’elle nous ferme jamais ses mines ; mais ce sont les 2 millions de tonnes que nous envoie l’Angleterre (2 millions 1/2 en 1873) qui pourraient venir à nous manquer. Il y a là un motif sérieux, non pas de chercher à chasser les charbons anglais de nos marchés, car l’importation est en elle-même une bonne chose, mais de développer la production de nos bassins afin de la rapprocher de la consommation nationale. L’excédant de nos extractions, qui ne pourra être consommé sur place ou dans le rayon de vente des charbonnages, servira d’aliment à la marine marchande en lui fournissant le fret de sortie dont l’absence la fait languir. C’est donc vers l’exportation que doivent se tourner tous nos efforts.

En 1872, d’après les documens fournis par les douanes, la France n’a exporté que 784,000 tonnes de charbon, y compris 240,000 tonnes de houilles étrangères réexportées par le Havre, Bordeaux, Nantes, Marseille, etc. Les 544,000 tonnes de houilles françaises qui ont été exportées en 1872 se distribuent comme il suit entre les divers pays de destination :


Allemagne, Belgique 243000 tonnes
Italie 165,000 —
Suisse 74,000 —
Turquie, Égypte 36,000 —
Espagne 6,800 —
Algérie 2,300 —
Autres pays 17,000 —

Plus de la moitié de ces envois a pris la voie de terre. Le chiffre de l’exportation maritime est relativement faible, car nos ports n’ont expédié, la même année, que 366,000 tonnes de charbon sur l’étranger ; en y ajoutant 106,000 tonnes confiées au cabotage, on trouve 472,000 tonnes pour le total des charbons embarqués dans