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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/101

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UN
GÉOLOGUE ANGLAIS

SIR RODERICK I. MURCHISON.

Life of sir Roderick I. Murchison, by A. Geikie, 2 vol.; London 1875.

Les savans ont en général la réputation de ne guère valoir en dehors de leur spécialité. On estime qu’un astronome ne peut parler que des planètes, un mathématicien de chiffres ou de formules algébriques, un chimiste de cornues ou de réactifs. Que si l’un d’eux sort de ses études habituelles, on l’écoute avec défiance; pis encore, on suppose méchamment qu’il est assez médiocre en son genre. Quelques-uns sans doute se sont fait un renom comme hommes politiques, Laplace, Cuvier, Arago, à ne citer que les plus illustres parmi les morts ; il est contestable que cela leur ait toujours réussi. Il semblerait que les sciences sont des muses jalouses qui veulent avoir un homme sans partage, bien qu’elles ne soient assurées de lui donner en échange de cet entier dévoûment ni la gloire, ni la fortune, ni le pouvoir. Plus heureux les jurisconsultes, les financiers ou, mieux encore, ceux qui ne peuvent en toutes choses prétendre qu’au titre d’amateurs. Toutes les carrières leur sont ouvertes, au point que nul ne s’étonne de les y voir prospérer et grandir. Sauf exceptions fortuites et réserves faites contre des généralisations trop précipitées, ceci n’est-il pas vrai en France? Ailleurs en est-il de même? Voilà la vie d’un savant anglais, l’un des premiers géologues de l’époque, l’un des hommes dont l’existence ait été le plus fleurie, qui va démentir ou confirmer le