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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/181

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péruvien, de l’indien pampéen dans l’Argentin. Au Chili et dans les états de la Plata, le sang indien ne domine pas, mais il domine au Pérou, au Paraguay et dans tous les états du centre, où les races primitives ont subi à peine quelques modifications en raison de leur situation géographique ou de leur sociabilité, qui les prédisposait à contracter des alliances avec les conquérans. Partout où ce rapprochement s’est opéré il n’y a pas de famille qui ne soit quelque peu apparentée à la race indigène. L’influence des milieux s’est en outre fait sentir dans le même-sens après comme avant la découverte; les exigences du climat ont, malgré l’introduction d’élémens nouveaux de civilisation et de nouveaux instrumens de travail, dirigé la formation des nouveaux groupes, sans que l’on puisse dire que l’Espagnol ait profondément modifié les races, qu’il a révolutionnées seulement au point de vue politique et religieux.

Le hasard a du reste contribué pour sa large part à la conservation du génie individuel de chaque race et à la perpétuation des usages de chacune d’elles au lieu même où elles étaient anciennement établies, en distribuant les différentes familles des conquérans dans le milieu social qui convenait à chacune d’elles. Il est étrange en effet de voir, après la conquête, chaque pays se peupler de familles étrangères facilement assimilables, et prédisposées par le hasard à continuer les coutumes préexistantes. Le Pérou, siège de la monarchie quelque peu orientale et théocratique des Incas, devient, après la conquête, le siège de la vice-royauté espagnole, qui continue les traditions de l’ancienne royauté indienne, s’inspire des mêmes idées théocratiques et installe à Lima le tribunal de l’inquisition. Au Chili, au XVIIe siècle, sous le règne de Philippe V, commence l’immigration basque; de ce jour date le progrès de cette colonie : cette race énergique et fine prospère rapidement dans la patrie de cette autre race tout aussi noble des Araucans; le rapprochement est rapide, grâce à leurs affinités de caractère, et le peuple chilien se forme ainsi. Au Paraguay, où l’esprit de soumission est endémique, viennent s’établir les jésuites, moins attirés, comme on pourrait le croire, par le génie de la race, qu’ils n’ont pu encore étudier, que par la grande expansion de la langue, qui leur fournit un instrument de conquête le jour où ils se la sont appropriée.

Enfin, pour que chaque contrée soit colonisée par la classe d’hommes qui lui convient et qui se rapproche le plus de la race indigène, quels sont les colons qui accompagnent Garay pour venir fonder Buenos-Ayres? Leurs noms ne nous apprendraient rien, mais le prospectus de l’expédition, publié en Espagne par Garay, est plein de révélations. Ce chef d’expédition, autorisé et résolu à fonder une