Devonshire, le marquis d’Exeter, le duc de Buccleugh, le marquis de Lansdowne, le marquis de Westminster, le duc de Beaufort, le duc de Buckingham et le marquis de Salisbury, sans compter, les officiers de l’ordre.
Voilà une des cérémonies de la vieille Angleterre. De ces gothiques traditions, la journée du lendemain nous ramène au centre le plus actif de l’Angleterre moderne. Nous étions hier au milieu de la cour d’Édouard III, nous voici en pleine Cité de Londres. Passé, présent, la fidélité la plus scrupuleuse aux anciens souvenirs et le sentiment le plus intense d’une vie nouvelle, n’est-ce pas là en deux mots tout le génie britannique ?
Le roi, en partant pour l’Angleterre, avait décidé qu’il n’irait pas à Londres. C’était la reine qu’il venait voir, la reine et la famille royale, il voulait leur consacrer sans réserve le peu de temps dont il pouvait disposer. La visite qu’il avait reçue au château d’Eu devait être le modèle et la règle de sa visite à Windsor. Ce fut, comme on le pense, un grand désappointement pour les membres de la Cité de Londres. À Portsmouth, à Windsor, le maire, les aldermen et les bourgeois avaient pu présenter une adresse au roi des Français ; Douvres comptait sur le même honneur, si le roi venait s’y embarquer pour retourner en France, et Londres, la grande cité, la vraie capitale du royaume-uni, n’aurait pas le droit d’inscrire un pareil souvenir dans ses annales ! Le lord-maire et ses collaborateurs ne pouvaient en prendre leur parti. Que firent-ils ? Le conseil fut convoqué extraordinairement ; là, on proposa une chose inouïe, une chose qui ne s’était jamais vue et que chacun pourtant attendait : on proposa que les représentans de la Cité se rendissent à Windsor pour y présenter au roi des Français l’expression de leurs sentimens et de leurs vœux, On sait quels sont les privilèges et la juste fierté de la Cité de Londres ; ce sont les rois qui vont à elle. La délibération ne fut pas longue. Le conseil, à l’unanimité des suffrages, décida qu’il se transporterait à Windsor auprès du roi Louis-Philippe.
Nous avons quelque peine à concevoir ce que cette manifestation offrait d’inusité, c’est-à-dire de hardi et de significatif. Les ministres de la reine en furent singulièrement frappés ; ils le dirent eux-mêmes au roi, à M. Guizot, à l’amiral Mackau, à M. le comte de Sainte-Aulaire. Le samedi 12 octobre, quand on vit entrer dans la cour du château de Windsor cette longue suite de voitures, quand le lord-maire, les aldermen, les shériffs, les officiers, les conseillers municipaux en costume de cérémonie, et portant chacun les insignes de sa dignité, entrèrent dans la vieille résidence féodale, il n’y eut personne qui pût se défendre d’une grave émotion. De