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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/134

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qu’environ 220 millions de roubles. Sur ce budget déjà si réduit, le saint-synode et l’église orthodoxe reçoivent une dizaine de millions. Le ministère de la maison de l’empereur est inscrit pour 9 millions; mais il demande chaque année des allocations supplémentaires, en sorte qu’il coûte au budget une douzaine de millions de roubles[1]. Le ministère de l’intérieur reçoit plus d’une cinquantaine de millions de roubles, la justice un peu moins d’une quinzaine. Les finances sont portées au budget de 1876 pour 66 millions; mais, chose singulière, c’est de tous les départemens celui qui use le plus des crédits extraordinaires, peut-être parce qu’ayant la garde des deniers publics, il est le plus libre d’en disposer. En 1875, ce ministère a ainsi absorbé près de 80 millions, et en 1874, 100 millions de roubles.

Après de tels prélèvemens, il ne peut rester que des sommes relativement minimes pour les services spécialement affectés au développement matériel ou intellectuel du pays. La dotation de l’instruction publique pour 1876 ne dépassait pas 15 millions de roubles, et l’année précédente elle était inférieure encore. Ce ne sont là que de maigres subsides pour une population de plus de 80 millions d’âmes. C’est pourtant le chapitre du budget qui a le plus grossi dans ces dernières années : de 1870 à 1875 il s’est accru de 50 pour 100. L’état est du reste loin d’être seul à contribuer à l’instruction populaire; les assemblés provinciales et les communes lui prêtent un concours aussi généreux que le leur permet le poids des charges locales. Les besoins de la culture matérielle sont principalement représentés par deux ministères, celui des domaines et celui des voies de communication. Le premier, chargé de l’administration des immenses propriétés foncières de l’état, a certaines attributions de notre ministère de l’agriculture avec le service des forêts et des mines ; son budget, inutilement enflé par de nombreuses charges improductives, est d’une vingtaine de millions de roubles. Les voies de communication n’ont qu’une allocation inférieure : à l’inverse de celui de l’instruction publique, le budget de ce ministère a été réduit d’année en année : en cinq ans, il a perdu près de 50 pour 100. Les crédits accordés aux voies de communication étaient en 1870 de plus de 38 millions de roubles ou d’une centaine de millions de francs; en 1875, ils sont restés au-dessous de 18 millions de roubles. Cet abaissement continu des ressources affectées à l’un des plus importans services

  1. L’entretien des palais, des musées, des bibliothèques, des théâtres impériaux, doit absorber une notable partie de cette somme. En revanche, la famille impériale a la jouissance des biens d’apanages qui, au moment de l’émancipation, portaient une population de près de 2 millions d’habitans, payant une redevance de 6 millions 1/2 de roubles, sans compter un revenu foncier d’environ 5 millions de francs.