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LE
DUC DE BOUILLON
D’APRES DES DOCUMENS INEDITS.

II.[1]
SON ROLE PENDANT LA MINORITE DE LOUIS XIII.
SA CORRESPONDANCE AVEC LUYNES ET AVEC LE ROI. — SA MORT.

Il y a peu de parties de notre histoire aussi confuses que les années qui suivirent la mort d’Henri IV et aussi imparfaitement connues. Ces années tristes et honteuses font comme une tache noire entre Henri IV et Richelieu. La Providence ne travaille pas toujours, si on me permet le mot, à coups de grands hommes, et les nations sont par momens sans guides. Henri IV disparu, le royaume tomba dans une vraie anarchie ; les pensionnaires de l’Espagne s’en arrachèrent les dépouilles. Le grand dessein fut oublié.

Nous ne nous occuperons que du rôle de Bouillon pendant cette ère néfaste. On est trop disposé à le juger sur les dénonciations de Sully et de son gendre Henri de Rohan. Bouillon se faisait vieux, il n’avait plus toute l’ardeur de Rohan, qui lui disputait la direction du parti calviniste. Il avait connu les dégoûts de l’exil, pesé à leur vrai poids les amitiés étrangères et les alliances princières. Il était rentré en France blessé par la générosité royale, mécontent, rongeant son frein, mais plus disposé désormais à s’attacher aux intérêts de l’état, moins frondeur, moins ardent à courir les chances de la guerre civile. Les circonstances, après la mort d’Henri IV et

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1876.