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et faire exactement observer ses éditz, pour ceux qui demeureroient en devoir el obéissance sous le bénéfice d’iceux lesquels elle prenoit en sa protection; mais que peine cette déclaration fut publiée que ceux qui ont rendu toute obéissance sous la foy publique d’icelle ont veu des effetz tous contraires par les changemens faictz à Saulmur, Gergeau et Sancerres qui sont places de seureté par le discernement qui a esté faict par autorité publique en divers endroitz, suivi des sermons de quelques prescheurs passionnez, lesquels pour animer les peuples contr’eux leur ont proposés mesmes en présence de vostre majesté que c’estoit un moyen d’acquérir le martyre que de courir sus à ceux qu’ils appellent hérétiques; que par là, il estoit aisé de juger qu’on vouloit par degréz advancer leur ruine projectée par un dessein général dont l’assemblée de La Rochelle n’estoit que le prétexte, lequel paroissoit plus clairement par les procédures extraordinaires et sans exemple que tiénent les officiers de vostre majesté à l’exécution de ladicte déclaration par lesquelles ilz obligent indifféremment tous ceux de ladicte religion quelqu’obéissance qu’ilz aient rendue, mesmes les femmes et les enfans jusques à l’aage de quinze ans, de faire des sermens et protestations qu’on veult par toutes sortes de rigueurs extorquer d’eux contre leur conscience et la liberté des éditz, les retenant par force dans les villes et les empeschant d’en sortir mesmes du royaume, et de transporter ou de disposer de leurs biens en façon que ce soit, ne restant comme ilz disent, que de leur commander d’aller à la messe et les contraindre par force à croire ce qu’ilz ne croyent point, sans leur laisser mesmes l’option et liberté de satisfaire à ce qu’on requiert d’eux ou de se retirer ainsy qu’il s’est toujours pratiqué, et plus grandes rigueurs qu’on a autresfois exercées à l’encontre d’eux ou de leurs pères. Que pour éviter ce danger auquel ilz se voient exposez, paroissant manifestement que c’est par les effects au général de ceux de la religion qu’on en veut, ilz ont mieux aimé, pour ne défaillir à ce qu’ilz croyent devoir à leur conscience, se retirer quoyqu’avec péril, et abandonner leurs maisons et souffrir en leurs biens la rigueur des peines dont ilz sont menacez, quoyqu’ilz n’estiment pas les avoir méritées, estans jusques à cette heure demeurez en obéissance et protestans vouloir continuer en la sujection naturelle qu’ilz doivent à vostre majesté, comme ses très humbles sujectz, aiant pour cet effect choisi ce lieu plustost qu’aucun autre par ce qu’il est en la protection de vostre majesté. En cette occurence, sire, voyant arriver tant de personnes misérables, tant de vefves et d’orphelins, dont les plaintes, les larmes et les gémissemens pourroient esmouvoir à pitié et à compassion les plus insensibles, je n’ay pas creu leur devoir fermer mes portes non plus qu’autresfois mes prédécesseurs ont fait en semblables occasions, ny leur dénier la retraitte qu’ilz m’ont demandée dans mes terres. Et sur