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LA
QUESTION DU PHYLLOXÉRA
EN 1876

Il y a près de trois ans, en février 1874, j’essayai de résumer, dans la Revue, ce que l’on savait de l’origine, des progrès du phylloxéra et des moyens de combattre ce terrible ravageur de vignes. Depuis lors, le mal s’est largement étendu autour de ses foyers primitifs ; il s’est révélé par des taches menaçantes dans les vignobles du Médoc, de la Bourgogne, de l’Auvergne, de l’Orléanais et du Bugey : la Suisse, l’Alsace, l’Allemagne en ont senti les atteintes ; bref, la crise trop prévue pour l’existence même de la vigne dans l’Europe entière s’est accentuée au point de préoccuper les gouvernemens, inspirant aux uns les mesures de défense contre l’invasion, aux autres d’énergiques efforts pour étouffer le mal dans son germe, à tous le sentiment d’un péril immense pour une des sources les plus fécondes de la richesse publique. Ce ne sera donc pas chose inopportune que de revenir sur cette question, d’en esquisser les nouveaux aspects à la lumière des observations et des expériences de trois années, enfin de dégager du chaos des théories fausses, des réclames intéressées et des contradictions inévitables en un sujet aussi difficile, quelques faits assez évidens, quelques explications assez nettes, pour entraîner le consensus des esprits sincères et sérieux.

Enfermée dans ces limites, la présente étude ne saurait prétendre être une analyse complète de ce qu’on ose à peine appeler la littérature phylloxérique. Pour une idée juste à pêcher dans ce torrent d’élucubrations fantaisistes, il faudrait s’imposer la tâche de remuer des flots d’ignorance. Il faudrait parler du crapaud enterré vivant,