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de carbone, même coaltaré, n’a qu’un rôle d’insecticide et ne remplit qu’une des indications de la reprise de la vigne. Des effets plus complets sont attendus de l’association d’un insecticide et d’un engrais, et, sous ce rapport, le sulfocarbonate de potassium est en ce moment la base principale des essais de traitement encouragés et dirigés par l’Académie des Sciences.

On se rappelle le point de départ de ces essais. Avec son coup d’œil pénétrant, M. Dumas, en 1874, sut aisément découvrir dans la substance en question la double propriété demandée, insecticide par dégagement de sulfure de carbone, fertilisante grâce à la présence de la potasse. On y trouvait d’ailleurs l’avantage d’un dégagement lent et régulier de vapeurs toxiques. Bientôt les recherches d’un savant délégué de l’Académie, M. Maxime Cornu, faites au laboratoire de Cognac sur des vignes élevées en pot, montraient dans ce sulfocarbonate non-seulement un puissant insecticide, mais aussi la substance la plus apte à faire pousser des radicelles nouvelles aux racines débarrassées du parasite. Les applications sur le terrain faites à Cognac en 1874, 1875 et 1876 par les soins de M. Mouillefert, délégué de l’Académie, ont donné des résultats encourageans, au moins quant aux vignes prises à la période de la maladie où la vitalité des racines n’est pas profondément atteinte. La destruction d’une forte proportion d’insectes a permis à ces vignes non épuisées de reprendre une notable vigueur, attestée par le plus grand développement des pampres et surtout par la teinte vert intense du feuillage qui trahit toujours l’influence des sels potassiques sur la vigne. Je dois avouer pourtant que, lors de ma visite à Cognac, en septembre 1875, je ne partageai pas sur la résurrection prochaine d’une tache phylloxérique prise à la période avancée du mal les espérances optimistes de MM. Cornu et Mouillefert. Les essais en grand faits ce printemps par ce dernier sur des hectares de l’École d’agriculture de Montpellier ont donné si peu de résultats apparens pour une dépense énorme (1,200 francs par hectare), qu’on s’explique le peu d’enthousiasme des viticulteurs de Montpellier pour une méthode de traitement dont ils admettent sans doute toute la valeur théorique, mais dont ils estiment les frais bien au-dessus de l’avantage encore précaire que la grande culture peut en attendre. Il est vrai que ce dernier traitement s’est fait au printemps et que, dans la pensée de son auteur, M. Mouillefert, il aurait fallu le renouveler au moins une fois durant l’été pour détruire l’armée des phylloxéras restés vivans sur les racines. Dans les vignes d’expérience de la commission départementale de l’Hérault, un traitement au sulfocarbonate réitéré deux ans de suite (1875 et 1876) a donné des résultats tels que la récolte en 1876