Le 25 novembre 1830, les paysans, fortement mis en gaîté par les fréquentes stations qu’ils avaient faites dans tous les cabarets de la route en revenant de la foire de Tarnow, apportèrent à Brzosteck une nouvelle sinistre : l’ange de la peste avait été aperçu planant sur l’horizon. On pouvait du reste le voir au-delà de la Wisloka, sa chevelure de flamme empourprant le haut des forêts, et traînant après lui tout ce que la tradition attache à ses pas destructeurs : la guerre, la famine, l’épidémie.
Le petit village polonais fut en proie cette nuit-là à la plus vive effervescence. Les domestiques du château, plantés au milieu de la cour, les pieds dans la neige, tenaient les yeux fixés vers l’ouest, où en effet une ardente lueur rougeâtre se détachait sur le ciel noir. Leur maître, enveloppé dans sa robe de chambre orientale, s’efforçait vainement de les tranquilliser. — C’est la lune qui se lève ; c’est quelque météore, tout au plus, disait-il avec le sourire sceptique d’un homme qui n’a jamais sacrifié qu’à la raison.
— C’est ce que vous voudrez, répliquait le vieux cocher, qui avait autrefois combattu sous Kosciuszko ; mais vous verrez, mon bon seigneur, ça nous amènera la guerre.
Le châtelain cherchait inutilement à rassurer sa jeune femme,