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Au gré de la vague et da veut,
Sur la mer houleuse et profonde.

La vaste mer aux flots plombés,
Gronde, sombre et mystérieuse,
Et nous sommes seuls, absorbés
Dans notre extase insoucieuse.

La vague saute avec fureur.
Je te tiens dans mes bras serrée,
Et furieux aussi, mon cœur
Bat dans ma poitrine enfiévrée.

Mon amour fier et triomphant
Grandit au bruit de la tourmenté.
Et toi, sur mon sein, chère enfant.
Tu te rejettes, frissonnante.

Tu lèves d’un air anxieux
Vers moi ta prunelle azurée;
Tu lis le bonheur dans mes jeux
Et tu me souris, rassurée.

Comme des coursiers épuises
Les îlôts retombent blancs d’écume,
Peu à peu les vents apaisés
S’endorment sur la mer qui fume,

Profonde paix des flots calmés !..
Sur mon épaule tu reposes
Ta tête aux cheveux embaumés...
O paix, calme profond des choses!

Nos cœurs s’écoutent palpiter,
Et tu me par les à l’oreille.
Tout bas, pour ne pas irriter
La mer songeuse, qui sommeille.

La Inné, à l’Orient plus pur,
Lentement soulève ses voiles ;
Dieu, sur l’infini de l’azur,
Fait pleuvoir des milliers d’étoiles.

Et moi, comme un dieu bienheureux.
Sur tes yeux je sème en silence
De tièdes baisers, plus nombreux
Que les astres du ciel immense.

Ces citations, empruntées à des traducteurs de tempéramens et de talens divers, confirment, ce semble, la règle indiquée au début de cette étude. Une bonne traduction en vers doit rendre le mouvement et la couleur de l’original, plutôt que d’en reproduire servilement les formes et les rhythmes. Il ne faut pas demander à une langue et à une prosodie ce que leur génie refuse de donner, de même qu’il ne faut pas s’ingénier à introduire dans un art les procédés d’un art différent. Certains compositeurs ont cherché dans leur musique à exprimer, à l’aide de combinaisons harmoniques, les bruits de la nature : chants d’oiseaux,