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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/957

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de la ville. Montsouris, la rue du Transit (rue d’Alésia), Passy, Montmartre, le boulevard Picpus, sont les stations les plus favorisées, et l’on remarquera qu’elles sont situées sur la périphérie. La fontaine Molière, l’École de Médecine, la rue Racine, la Boule-Rouge, sont au contraire dans des quartiers à population dense, et la quantité d’ozone y est très faible (elle est presque nulle pour les deux premières de ces stations, comme aussi pour la Villette). Ce qui peut étonner toutefois, c’est que le Panthéon, qui est très élevé et entouré d’espace libres, ne donne pas plus que la rue Racine.

On ne peut douter que les émanations qui se dégagent de la ville ne détruisent en grande partie l’ozone de l’air; les observations quotidiennes insérées au Bulletin municipal fournissent donc en général plutôt des indications sur la salubrité relative des quartiers qu’elles ne permettent de juger des variations générales de l’ozone atmosphérique. On constate seulement que, dans les parties périphériques, les résultats diffèrent beaucoup suivant que la station est sous le vent de la ville ou sous le vent de la campagne. A Montsouris, les variations générales de l’ozone sont moins obscurcies par le voisinage des habitations ; là on aperçoit plus nettement l’influence des conditions mêmes de la production de cet agent. Les vents d’entre sud-est, sud et ouest en sont généralement chargés; les vents d’entre nord-ou38t, nord et ouest en sont au contraire plus ou moins complètement dépourvus. C’est que les premiers accompagnent les orages, et que les mouvemens électriques y sont plus marqués que dans les seconds.

L’ozone est un excitant; la lumière en est un également, mais dans un autre sens : elle met en branle le jeu des affinités chimiques. Pour la climatologie, l’étude des variations auxquelles est soumise la force des rayons solaires a une grande importance, car elle fait connaître la part du soleil dans le développement de la vie. Ou appelle actinométrie la branche de la météorologie qui a pour objet de mesurer l’intensité de ces radiations. Les moyens qu’on peut employer pour cela sont très variés : on peut juger de la force du soleil par la chaleur qu’il produit (par exemple en exposant à ses rayons un thermomètre à boule noircie), on peut la mesurer par l’éclat variable de sa lumière, et aussi par les effets chimiques auxquels il donne naissance[1]. Ces divers procédés font connaître la quantité de radiations solaires que reçoit une contrée dans le cours de l’année, quantité qui varie avec l’état de l’atmosphère, car les nuages et les brumes arrêtent une notable partie du rayonnement.

Voilà assurément un ensemble fort respectable de sujets de recherches, et qui pourrait absorber les forces d’un grand établissement;

  1. C’est ce dernier moyen qui a été employé avec succès par MM. Bunsen et Roscoe, el plus récemment par M. Marchand, à Fécamp. Il serait à désirer qu’on en fit l’essai à Montsouris.