Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/403

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces explications peuvent ouvrir à la discussion un champ libre, il en est qui s’imposent avec une irrésistible évidence. Comment par exemple se méprendre sur la signification de cette image d’un jeune enfant que ses parens reçoivent dans la vie élyséenne avec les marques d’une vive affection ? Est-ce que tel détail familier, un petit chien qui se dresse pour caresser l’enfant, ne marque pas l’arrivée plutôt que le départ ? Le geste de cette mère qui reçoit sa fille et lui caresse le menton, geste ordinaire dans l’art grec pour exprimer une tendresse familière, est un signe d’allégresse, naturel et charmant s’il s’agit d’une mère qui retrouve son enfant dans un séjour de bonheur immortel ; ce serait un geste inexplicable et déplacé s’il se mêlait aux larmes et aux angoisses de la dernière séparation sur cette terre. Ainsi s’expliqueraient aussi ces repas funèbres grecs, qui sur les tombeaux datent surtout des IVe et IIIe siècles avant notre ère : ce sont aussi des célébrations élyséennes. Quant aux figurines déposées dans les sépulcres, s’il en est qui rentrent visiblement dans l’interprétation mythologique, il en est aussi, comme le soutient un autre savant, M. Heuzey, et comme l’admet au surplus M. F. Ravaisson, qui relèvent exclusivement de la fantaisie. Quelle que puisse être la mesure de dissentiment qui subsiste, la substitution en un très grand nombre de cas des scènes de réunion aux scènes d’adieu nous paraît être un fait acquis. On doit se féliciter d’ailleurs de voir discuter de pareilles questions par des esprits éminens. L’archéologie ainsi traitée devient philosophique, et l’histoire de l’humanité dans ce qu’elle a de plus élevé se trouve intéressée à ses résultats.


IV

J’arrive au faste funéraire romain. Avant de le considérer dans sa période de développement, comment ne pas dire un mot de ses origines ? comment ne pas rappeler au moins les rapports qu’il devait garder avec la construction et les décorations introduites par les Étrusques ? Nous n’en sommes pas réduits pour le faste funéraire étrusque à quelques descriptions antiques, comme celles du tombeau de Porsenna, qui n’est nullement authentique, mais qui, sans appartenir au roi dont il avait usurpé le nom, n’en était pas moins un prodige de l’art étrusque. Il a eu des témoins comme Pline, qui décrit ce sépulcre, formé de grands morceaux de marbre en forme carrée, ayant 30 pieds de front et 50 pieds de haut ; il servait de base à un plus grand bâtiment, et un labyrinthe tellement compliqué circulait autour, qu’il était impossible sans un fil d’en trouver l’issue, etc. Varron déclare qu’il renonce à mesurer la hauteur des cinq pyramides qui le surmontaient. Encore une fois nous avons des