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du règne animal des vertus surnaturelles. Les mêmes fouilles ont été continuées de 1870 à 1877 avec le même succès, et de façon à soulever des controverses sérieuses sur l’histoire des diverses races établies en Italie sur les bords du Pô et au versant septentrional de l’Apennin.

On peut croire que ces précieuses trouvailles d’un luxe funéraire enfoui sous le territoire italien sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Dirigées avec une grande habileté, animées par tout ce que peut à Rome même aujourd’hui allumer de zèle une émulation internationale, elles ne cessent de se multiplier et de se manifester par d’importans résultats. Les rapports de l’art et de la pensée étrusques avec Rome antique en ont reçu déjà mainte confirmation éclatante : tantôt ce sont des vases décorés intérieurement ou extérieurement, des pièces ornées de figurines représentant des lions ailés, des sphinx, des griffons et d’autres objets extraits de la tombe Reguli-Galani à Cæcré ; tantôt ce sont des découvertes analogues faites dans les caveaux de Palestrina, dont le mobilier est à Rome dans le palais Barberini. Hier encore c’était une magnifique coupe d’argent trouvée sur l’emplacement de cette même cité étrusque, Palestrina, l’ancienne Preneste. Les observations qu’un savant archéologue, M. François Lenormant, présentait en offrant le dessin de cette coupe à l’Académie des Inscriptions s’appliquent aux autres curiosités tirées du même trésor. Dans ces fouilles, dirigées par M. Fiorelli sénateur italien, tous ces objets en or, en électrum, en argent, en bronze, en ivoire, en verre, sont extraite d’une vaste chambre sépulcrale carrée, fermée par des murs sans ciment comme dans toutes les sépultures étrusques. Peu importe que dans ce cas particulier ces objets eux-mêmes proviennent de l’art phénicien. L’art funéraire étrusque n’a pas moins mis sa marque sur les constructions sépulcrales comme sur la masse des choses funéraires transmises aux Romains et aux diverses populations italiques. Même émancipé, le génie romain n’a pas répudié cet héritage, et le fond étrusque s’est perpétué à travers les déviations parfois fâcheuses qui ont atteint cette sorte de monumens.

C’est une remarque générale que, sous bien des rapports, le faste est le génie de Rome dans les arts. Le luxe funéraire devait d’autant moins faire exception qu’on est ici en présence d’une puissante et très orgueilleuse aristocratie. On a la certitude que le premier grand luxe par lequel elle débuta fut le faste des obsèques. C’est le premier aussi que durent atteindre les règlemens somptuaires, inscrits dans la loi des douze tables. Elle règle la quantité des parfums que l’on pourra employer pour oindre le corps, prohibe les grandes couronnes, défend de placer devant les morts un autel pour brûler de l’encens, d’étendre plusieurs lits et, ce qui prouve