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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/55

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reçoit que des enfans privilégiés. Cependant les médecins font fréquemment passer, de leur propre autorité, du traitement externe au traitement interne les enfans dont le cas leur paraît intéressant ; mais la lettre de recommandation n’en est pas moins le mode d’entrée le plus fréquent. Aussi l’hôpital de Great Ormond street a-t-il d’illustres patrons : d’abord la reine, qui a permis que chaque salle du nouveau bâtiment reçût le nom d’une de ses filles ; puis la princesse de Galles et la princesse Christian. Le président et les vice-présidens (fonctions tout à fait honoraires) sont le comte de Shaftesbury, le comte de Granville, les archevêques de Cantorbéry et de Londres. On voit tout de suite l’organisation en quelque sorte aristocratique de cet hôpital, organisation qui, au reste, ne lui est point particulière ; car il est peu d’œuvres en Angleterre qui ne recherchent le patronage des grands noms de l’aristocratie, sauf (comme c’est ici le cas) à confier à un comité de management, plus modestement composé, la direction effective des services. Le procédé réussit, car durant la seule année 1875, les souscriptions, dons et legs, recueillis par l’hôpital, de Great Ormond street, se sont élevés à une somme totale de 18,134 livres 11 shillings, soit environ 453,350 francs.

Ce revenu considérable sert non-seulement à pourvoir aux soins des enfans admis à l’intérieur de l’hôpital, mais encore aux frais du traitement externe très libéralement organisé : en effet les consultations aussi bien que les remèdes eux-mêmes sont gratuits ; ils sont distribués, après la consultation, à la pharmacie de l’hôpital, ceux qui se présentent munis d’une ordonnance du médecin n’ayant à fournir que les bouteilles et les bouchons. L’accès du traitement externe n’est pas seulement ouvert aux malades munis de lettres de recommandation ; ceux qui se présentent sans lettres sont admis à la consultation, mais pour une fois seulement. Pour être admis à suivre un traitement régulier, il faut qu’ils obtiennent une lettre revêtue de l’estampille de la Charity organisation Society, vaste société qui a été établie à Londres récemment pour introduire un certain contrôle dans la distribution des aumônes et pour prévenir l’exploitation des personnes charitables par des escrocs. Cette société possède à Londres 37 bureaux, et chacun de ces bureaux se charge de donner des renseignemens sur les pauvres du district où il est installé. L’organisation de ce système de contrôle ressemble beaucoup à celle de nos visiteurs de l’assistance publique. C’est ainsi que par un long circuit nos voisins en arrivent souvent à emprunter à notre administration ses procédés de centralisation, tout en conservant, il est vrai, le zèle et l’activité de la charité privée.