Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/581

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accessoires, le monument funéraire par excellence de la papauté temporelle. Du moins ce génie sublime, ami du colossal, a-t-il élevé la coupole de la sacristie de Saint-Laurent, qui devint la chapelle sépulcrale de Laurent et de Julien de Médicis.

Moins original, d’une allure moins libre et moins vive, l’art du XVIIe siècle devait porter dans la construction des tombeaux ses qualités de correction et de pompe, souvent d’énergie et de grandeur. Il aime aussi les vastes compositions funéraires et présente quelques-uns des défauts du XVIe siècle en les exagérant, comme on le voit par le Bernin, à qui revient l’assez triste honneur d’avoir le premier, dans le tombeau d’Alexandre VII, fait figurer la mort sous la forme d’un hideux squelette ailé qui tient un sablier et s’élance des profondeurs du tombeau, pour menacer celui qui la contemple vivant et sera bientôt sa victime. C’est par la recherche outrée des mêmes effets dans les tombeaux d’Urbain VIII et d’autres personnages considérables que Bernin a fait école, à moins qu’on ne soutienne que l’influence à laquelle il obéissait était elle-même, pour ainsi dire, dans l’air. On n’avait jamais vu tant d’artistes empressés à prodiguer les Temps armés de faux, les personnages allégoriques et les scènes trop compliquées qui semblaient vouloir faire, selon l’expression de M. Quatremère de Quincy, « de tout mausolée un poème ou un tableau. »

La grandeur de cet admirable siècle se retrouve au reste là comme ailleurs. Il suffirait de nommer les Jacques Sarazin, les François et les Michel Auguier, les Coysevox, les Girardon. Malgré quelques traces des défauts auxquels bien peu de grands artistes ont échappé depuis le XVIe siècle, plusieurs de ces monumens sont des chefs-d’œuvre d’un puissant effet. Quelques-uns ont été recueillis au musée de sculpture du Louvre ou à Versailles. On ne saurait résister à l’impression de beauté majestueuse, quoique très ornée, et de force pleine de noblesse, qui saisit à première vue, et qu’ils ne cessent de produire à mesure que l’on s’arrête à les contempler. Et pourtant comment ne pas remarquer qu’ils ne sont plus là dans leur cadre? Sans doute on est ici dans d’éclatans foyers consacrés par les arts et par l’histoire. On ne se sent pas dépaysé, comme nous l’éprouvions avec un sentiment un peu pénible en présence des tombeaux des ducs de Bourgogne, dans un musée mêlé d’œuvres d’art et d’objets de curiosité, qui, quelle qu’en soit la valeur, n’offre rien qui approche de cette grandeur; mais on ne saurait trop le redire : la place de tels monumens est dans les églises. On l’a compris en restituant quelques-uns de ces tombeaux aux lieux qui les avaient renfermés d’abord ou même à d’autres sanctuaires, Nommons du moins, parmi ces œuvres mémorables de l’architecture et de la sculpture funéraires au XVIIe siècle, les superbes mausolées