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de bois. La sœur qui dirige l’école des garçons paraît avoir été choisie avec discernement parmi les plus vieilles et les plus laides de l’établissement ; elle conduit sans difficulté une classe de près de 100 enfans, dont quelques-uns ont plus de quinze ans, et apportent sur les bancs de l’école l’expérience précoce du gamin de Paris. Cet ordre paraît, à en juger d’après les apparences, se recruter surtout dans les rangs un peu inférieurs de la société. Une certaine jovialité un peu rude est la manière d’être caractéristique des sœurs, mais si au point de vue de la distinction des manières elles ne valent pas les dames de Saint-Thomas-de-Villeneuve ou même les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, elles ne le cèdent en revanche à aucun autre ordre pour l’accomplissement de tous les devoirs de leur tâche. C’est une grande sécurité pour le directeur de pouvoir s’en remettre uniquement à elles et de n’avoir pas à surveiller ce personnel toujours si douteux des infirmières. En résumé, l’établissement de Berck est un établissement modèle qui ne laisse absolument rien à désirer au point de vue des constructions et au point de vue de l’organisation intérieure du service. On ne saurait regretter qu’une chose : c’est la somme considérable qu’il a coûtée. Peut-être aurait-on pu au prix d’un moindre sacrifice d’argent obtenir des résultats thérapeutiques aussi satisfaisans et employer à l’amélioration des hôpitaux de Paris, une partie du capital considérable qui a été dépensé sur la plage de Berck. Ajoutons pour être complet, que la charité privée s’est inspirée des progrès réalisés par la charité publique. Sur la plage de Berck s’élève un petit hôpital qui contient aujourd’hui 24 lits et que les héritiers du baron Nathaniel de Rothschild ont fait construire pour les enfans israélites atteints de scrofules. Cet hôpital est destiné à s’agrandir encore et pourra recevoir environ une cinquantaine d’enfans.


IV

Les mesures d’assistance médicale prises en faveur des enfans ne seraient pas complètes si ceux-ci ne trouvaient d’asile que dans les hôpitaux et dans les maisons de convalescence. Il y a en effet un principe qui domine l’admission dans les hôpitaux et que le directeur de l’Assistance publique rappelait encore dans une circulaire du 28 juillet 1854, c’est que le malade soit atteint d’une affection curable. L’application de ce principe a ses rigueurs. C’est ainsi qu’on voit trop souvent de malheureux phthisiques renvoyés, d’hôpital en hôpital attendre dans la misère une mort certaine, mais souvent lente à venir. Peut-être est-on moins rigoureux en ce qui concerne les enfans. Dans les salles, des chroniques ou dans les hôpitaux réservés aux scrofuleux comme Forges ou Berck, on pourrait