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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/691

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POÉSIE

À JULES SANDEAU
APRÈS LA MORT DE SON FILS.


Ainsi trente ans de pure gloire,
Qui protégeront ta mémoire
Contre l’assaut du temps vainqueur,
N’ont pu de même te défendre
Contre la mort qui venait prendre
La meilleure part de ton cœur ?

Que dirai-je, pauvre poète ?
Tu pleures, tu courbes la tête,
Brisé par l’effroyable deuil…
Ta douleur devenait la mienne,
Quand je t’ai vu, qu’il t’en souvienne,
Chancelant près de ce cercueil !

Quoi ! forts de leur grandeur passée,
Tes livres, fils de ta pensée,
Vivent et jamais ne mourront,
Quand ton enfant, — quelle ironie ! —
Moins vivace que ton génie,
Meurt la jeunesse sur le front !