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plus précis qu’il ne l’avait été le 28 août et serra les événemens de plus près. Quelques jours avant d’ailleurs, M. de Polignac, allant au-devant de certaines questions, avait écrit à la commission de la chambre des députés, afin de s’expliquer sur divers points touchés dans sa première entrevue avec les commissaires, et de démontrer que, durant les trois journées de combat, il n’avait donné aucun ordre. C’est l’esprit de cette lettre qui reparaît dans les lignes qu’on va lire. — D. Qui a conseillé au roi la formation du ministère du 8 août? — R. Je n’ai qu’une réponse à faire. J’ai été appelé comme ministre par le roi. — D. Qui a conseillé et rédigé le discours de la couronne prononcé par le roi à l’ouverture de la précédente session? — R. La détermination fut prise en conseil. Quant à l’auteur du discours, je n’ai pas à le nommer. — D. Qui a suggéré et dicté la réponse du roi à l’adresse? — R. C’est le secret du conseil, et je ne peux le dire. — D. Est-il à votre connaissance qu’on ait destitué beaucoup de fonctionnaires à l’occasion des élections ? — R. C’est un relevé à faire d’après le Moniteur. — D. Vous avez dit dans votre lettre à la commission que, lorsque le 28 juillet plusieurs députés se présentèrent à l’état-major de la place, vous résolûtes, avec le maréchal duc de Raguse, d’écrire au roi. Le fîtes-vous? que répondit le roi? — R. J’ai écrit au roi. Le maréchal a écrit de son côté; mais il ne m’a pas communiqué la réponse qu’il a reçue. D’ailleurs, toutes les fois que je serai interrogé sur ce que le roi a cru pouvoir m’écrire et me dire, un sentiment de respect et d’honneur m’imposera un silence absolu. — D. Dans les journées des 26 et 27, rendait-on compte au roi de ce qui se passait dans Paris? — R. Le maréchal m’a dit lui avoir envoyé régulièrement des rapports. Quant à moi, je n’ai point eu connaissance des mouvemens militaires qui de part ou d’autre se sont opérés dans Paris. — D. Est-il vrai que le 25 vous ordonnâtes une certaine surveillance autour de Neuilly (résidence du duc d’Orléans)?— R. C’est faux.— D. Des mandats d’arrêt ont été décernés le 27 juillet contre un certain nombre de personnes. Ont-ils été délibérés en conseil? — R. Je n’en ai eu aucune connaissance. — D. Vous avez dit dans votre lettre à la commission que le 20 au matin vous vous rendîtes à Saint-Cloud et que vous engageâtes le roi à retirer les ordonnances et à envoyer M. de Mortemart à Paris pour l’annoncer. Qu’arriva-t-il? — R. Le roi accepta ma démission et retira les ordonnances. J’introduisis chez sa majesté le duc de Mortemart et l’y laissai. Depuis cette époque, je suis resté étranger à ce qui s’est passé. — D. En suite de la mise de Paris en état de siège, il paraît qu’on s’occupait dès le 28 juillet chez le sous-secrétaire d’état de la guerre de l’organisation d’un conseil de guerre. Avez-vous donné des ordres pour cette organisation? — R. Aucun. Je suis resté étranger, je le répète, à tout ce