L’autre jour, par cette saison douteuse qui n’est plus l’hiver, qui n’est encore qu’un printemps apocryphe, sénateurs et députés sont revenus à Versailles après un mois d’absence, et on ne peut pas dire que cette session se rouvre sous les auspices les plus rians.
Le mauvais sort de l’Europe a voulu que rien n’ait pu détourner ce conflit aux proportions inconnues dont un ministre de la reine d’Angleterre disait tout récemment en pleine chambre des communes : « Il y a des intérêts anglais, il y a des intérêts européens, il y a des intérêts indiens; les intérêts du monde entier peuvent se trouver compromis dans cette guerre. » Si l’action n’est point engagée sérieusement jusqu’ici, si elle ne s’est pas du moins manifestée par des rencontres sanglantes et décisives, il y a depuis plusieurs semaines des armées en marche dans la vallée du Danube ou en Asie. C’est la nouvelle guerre d’Orient avec ses dangers, avec ses éventualités inquiétantes, avec ses conséquences possibles, et comme si ce n’était pas assez du plus grave, du plus redoutable problème d’équilibre agité par les armes, les questions religieuses deviennent de plus en plus un des élémens violens et irritans de la politique. C’est encore un Anglais, un des premiers dignitaires de l’église catholique au-delà du détroit, le cardinal Manning, qui, jugeant l’état présent du monde à sa manière, disait dernièrement : « Ce qu’on appelle la question d’Orient recevra la solution que la Providence lui a assignée, l’indépendance du saint-siège... Le bouleversement européen qui se prépare amènera, au milieu de ses cataclysmes, l’indépendance du souverain pontife... » Voilà qui serait rassurant si ces fanatismes d’église n’avaient l’habitude de tout exagérer, de tout représenter sous des couleurs apocalyptiques ! Toujours est-il que les questions religieuses jouent certainement un grand rôle dans la politique un peu partout et particulièrement en France, où il y a comme une émulation désastreuse d’exagération entre l’esprit clérical et l’esprit radical. Elles se mêlent désormais à tout, à l’administration, à une affaire de budget, à