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LE FONDATEUR
DE LA
REVUE DES DEUX MONDES

FRANCOIS BULOZ

Lorsqu’une œuvre comme la Revue des Deux Mondes est arrivée à ce degré de succès qui fait les créations durables, la première pensée est de se demander de quoi se compose ce succès, comment il s’est formé, étendu et consolidé, par quel ensemble de causes il a échappé aux révolutions publiques et aux crises intimes qui auraient pu lui être mortelles.

Les œuvres de ce genre supposent sans doute bien des conditions. Elles ont besoin de naître dans une atmosphère favorable. Elles ne peuvent se développer et grandir que par le concours habilement recherché ou ménagé de l’élite des talens qui s’élèvent et se succèdent. Même avec la faveur des circonstances et ces concours nécessaires, elles seraient encore à peu près impossibles, ou du moins elles n’auraient qu’un éclat éphémère, si elles ne rencontraient, au moment voulu, un de ces hommes qui semblent nés pour être des fondateurs, qui réunissent les facultés les plus diverses : la volonté, le jugement, l’esprit de suite, l’attention passionnée et infatigable. C’est là justement ce que François Buloz a été depuis la première heure pour cette Revue, dont il a fait l’objet de ses soins, la préoccupation invariable et l’honneur de sa vie, — dont la fortune se lie au mouvement du siècle. Son originalité parmi