Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 21.djvu/760

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tournante : en réalité, le tour paraît avoir été inconnu pendant toute la période dont nous parlons ; mais la cuisson des vases de terre fut pratiquée de très bonne heure, car du moment où les hommes surent allumer le feu, ils purent voir dans leurs foyers l’argile se prendre en morceaux et devenir insoluble par la cuisson. Les argiles noires, rouges ou jaunes, que la nature leur fournissait en beaucoup d’endroits, leur permirent de colorer ou de peindre ces vases grossièrement modelés ; ils en polirent la surface encore molle au moyen de lissoirs de pierre, et gravèrent à la surface des dessins variés.

Puis vint le premier métal : disons le premier métal usuel ; ce fut le bronze. La connaissance de l’or précéda certainement celle du cuivre, parce que l’or se rencontre à l’état natif dans beaucoup de pays. Il en fut sans doute de même de l’argent, dont l’extraction n’offre pas de grandes difficultés ; peut-être faut-il en dire autant du plomb, car du moment où un globule de métal fut trouvé dans les cendres du foyer, l’homme qui l’aperçut dut vouloir connaître le minerai d’où il était sorti, et, l’ayant découvert, il en chercha de pareil dans la montagne. Les matières qui peuvent se produire d’elles-mêmes dans les foyers, par la simple cuisson des minéraux, durent être découvertes les premières : tels sont le plomb et le verre ; le verre artificiel, ordinairement bleu, se montre en effet parmi les objets de parure des plus anciens temps. Au contraire, quand l’extraction d’un métal exige ou une très haute température ou une opération chimique, on peut admettre qu’un tel métal ne fut découvert que longtemps après les autres et à la suite de longs et infructueux essais. Le cuivre se trouve à l’état natif, mais en fort petites quantités ; la pyrite de cuivre ressemble à l’or, cependant on n’en tire le métal que par des opérations compliquées ; à en est de même de l’étain. Enfin, lorsqu’on est en possession de ces deux matériaux, il faut, pour en former le bronze, une dernière fusion qui n’est pas sans difficultés. L’idée même d’allier deux métaux ne se présente pas non plus tout d’abord, et, quand on l’a conçue, il faut encore chercher dans quelles proportions ils doivent être employés pour produire un métal nouveau, plus utile que chacun d’eux.

Le bronze apparut en Occident quand le travail de la pierre polie avait atteint toute sa perfection. Nous possédons dans nos musées des instrumens de pierre dure antérieurs à l’arrivée du bronze, et que nos ouvriers ne feraient ni mieux, ni autrement ; seulement ils les feraient plus vite, parce qu’ils ont des moyens d’action et des procédés que les anciens hommes n’avaient pas. Fabriqué d’abord en très petite quantité, le bronze ne devint usuel qu’avec le temps. Ceux qui le fabriquaient, en quelque pays d’ailleurs qu’ils