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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 21.djvu/845

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M. Jacquet, d’une rare insuffisance de modelé, — les mains sont littéralement à l’état d’ombres ; une jolie figure de femme, par Mm0 Henriette Brown ; un charmant portrait de jeune miss, par M. Sargent, d’une claire harmonie et auquel on ne peut reprocher que des mains fuselées ; un portrait de M. E. Thirion qui se recommande par les mêmes qualités et pèche par les mêmes défauts que celui de M. Sargent ; un portrait d’enfant, imitation flagrante de la manière de M. Paul Dubois, par M. Wencker ; une figure crayeuse, par M. de Winter, et une figure empourprée, par M. Vély ; deux têtes de femmes, d’un coloris très fin, d’un modelé très délicat et d’une grâce charmante, par M. Léon Erpikum ; le portrait de M. Mathieu Meusnier, par M. Monginot, peu ressemblant, mais d’une vigoureuse couleur ; le portrait de M. Gambetta, par M. Healy ; le portrait de M. Pierre Véron, par M. Jules Goupil ; le portrait de M. Scheurer-Kestner, par M. Jean Benner, lumineux et accusant le relief, quoique d’une facture un peu molle ; enfin de bons portraits, par MM. Parrot, Xydias, T. de Mare, Amand Gautier, Pérignon, Bonnegrâce.

On doit aussi ranger sous la rubrique portraits quelques études de grandeur naturelle qu’on ne pourrait placer dans une autre catégorie, et quelques scènes qui ne sont qu’une réunion de portraits. La Muse des bois, tête d’étude de M. Hébert, a la grâce morbide, les tons bistrés et le beau caractère des figures du peintre de la Mal’aria. Quelle pauvreté d’invention dans la veuve, de M. Lematte ! une grande Italienne, à l’épaisse chevelure noire et au teint cuivré par les caresses du soleil, tenant dans ses bras un petit enfant blond aux carnations dorées. Cette composition sans personnalité rappelle certaines figures de M. Landelle, avec une couleur plus chaude. Le tableau, très largement peint dans une gamme un peu rose, intitulé : « Ne dîne jamais en ville, » par Mme Louise Dubréau, représente un vieillard attablé dans quelque crémerie où l’on trouve des « ordinaires » à 40 centimes. Devant lui, sur la table sans nappe, une assiette ébréchée, encore à moitié pleine, une fourchette de fer, un gros morceau de pain et un numéro du Petit Journal. Le vieillard se verse à boire lentement, regardant couler le liquide rouge avec la plus vive satisfaction. « Il est, comme on dit, bien à son affaire. » Mais à voir cette longue barbe blanche, ces traits réguliers, cette tête de vieux modèle en un mot, on devine sans peine quels sont les moyens d’existence de ce brave homme : il pose les saint Jérôme dans les ateliers.

Sous le titre de la Lecture, M. Fantin-Latour a peint deux jeunes femmes assises, coupées à mi-jambes par la bordure du cadre. L’une, le coude gauche appuyé sur une petite table et la tête, vue de face,