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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 21.djvu/863

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grâce. D’un bon choix déformes et d’un souple modelé, accentué dans la vie, cette figure méritait une médaille. La Nicéa de M. Varnier a un galbe fort gracieux et fort élégant, mais il faudrait le remplir ; le modelé y est par trop sommairement indiqué. La Fillette de M. Marquet de Vasselot est une jolie statue qui ne pèche que par l’indécision du type. Les formes ne nous semblent pas suffisamment accusées dans le caractère de l’enfance ou dans celui de la nubilité. L’Ariadne, de M. Perrey, affecte une pose contournée qui sied peu à la statuaire. La Musique de M. Delaplanche, imitée des figures de Raphaël, n’en a ni les lignes sévères ni le beau caractère. En dépit de son costume très mythologique, on dirait une chanteuse des rues qui racle du violon. L’Invocation, de M. Truphème, est de proportions trop courtes, et rien n’égale la banalité de cette molle physionomie. La Vestale, de M. de Gravillon, est étrangement construite ; le torse, d’une gracilité excessive, n’appartient pas aux jambes, qui sont robustes de structure et très en chair. M. de Gravillon a sans doute voulu imiter Zeuxis, qui prenait trois modèles différens pour peindre une seule figuré.

Ce n’est point à l’antiquité, c’est au moyen âge que M. Gautherin emprunte ses types ; il a modelé Clotilde de Surville avec son enfant dans les bras. C’est une svelte figure, dont la physionomie expressive est pleine de sentiment. La facture un peu raide, qui rappelle la manière des artistes de la fin du XIVe siècle, s’accorde avec le sujet. Dans le même parti-pris d’archaïsme, il faut signaler le bas-relief des Druidesses, par M. Henri Gross. La statue de M. Chafrousse est au contraire tout à fait moderne. Elle s’appelle une Contemporaine, et elle est vêtue d’une robe à traîne, recouverte d’une tunique à la mode du jour. les profils seuls sont jolis, car la tunique, qui n’a pas à l’endroit du ventre les modelés multiples de la chair nue, forme une surface plane d’un aspect disgracieux. La Lydie, de M. Cambos, qui réplique au Donec gratus eram, est habillée à la romaine ; mais, en sa pose cavalière, on la prendrait également pour une contemporaine. Le Pêcheur, de M. Génito, est, hélas ! lui aussi, un contemporain. Pourquoi faut-il qu’il y ait du talent dans une figure aussi abjecte et aussi repoussante ?

On loue avec raison la belle statue de Berryer, de M. Chapu. Le sculpteur a dissimulé en partie le costume moderne, si étriqué et si anti-statuaire, à cause surtout du pantalon, — « ces sacs informes, » comme disait Euripide en parlant des braies des Asiatiques, — sous les plis amples d’une robe d’avocat. La figure est magistralement posée, le geste est noble, quoique peut-être un peu emphatique, et la tête se relève avec une expression vivante de fierté et de puissance. Après la personnification de l’éloquence dans l’homme