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LE
CARDINAL DE RETZ
SES DEBUTS DANS LA CARRIERE ECCLESIASTIQUE
D'APRES DES DOCUMENS NOUVEAUX


I

La figure du cardinal de Retz est si originale, si diverse, si étincelante d’esprit, elle est en même temps si fuyante, si mobile et si changeante, qu’elle a éveillé tour à tour la curiosité des plus grands écrivains et que plusieurs d’entre eux, piqués au jeu par l’extrême difficulté de la peindre, ont essayé de la fixer sur leur toile. Que dire de Retz après ce qu’en ont si bien dit La Rochefoucauld, la duchesse de Nemours, Bossuet, Voltaire, Victor Cousin et Sainte-Beuve ? N’est-il pas imprudent de s’attaquer à un tel sujet après de tels maîtres ? Jamais, à coup sûr, nous n’aurions eu l’ambitieuse pensée de marcher, même de fort loin, sur leurs traces, si nous n’avions découvert nombre de documens, de lettres intimes de Retz, de correspondances ministérielles du temps, qui le montrent sous de nouveaux aspects et sous un nouveau jour. C’est donc Retz lui-même qui souvent nous révélera ses pensées, ses sentimens les plus secrets ; c’est Retz qui sera son propre peintre.

Jusqu’ici on ne s’est guère attaché qu’à étudier le chef de la fronde. Je voudrais aujourd’hui esquisser les traits de l’homme d’église, de l’homme au moral, guider le lecteur plus avant au