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hebdomadaire justement remarqué, qui donne le cours de toutes les marchandises sur la place de Marseille, est répandu au loin et fait loi en beaucoup de cas. Du sein de cette société sont sortis bon nombre de juges élus au tribunal consulaire et des membres de la chambre de commerce. Marseille aura l’honneur d’avoir la première en France établi ce board à l’anglaise, et elle a été imitée par Bordeaux, Le Havre et d’autres places. On demande souvent aux Français de traiter leurs affaires eux-mêmes, d’avoir un peu plus de spontanéité, d’initiative dans le débat de leurs intérêts économiques. Voilà un exemple de ce qui est à faire dans cette voie, et plus d’un ne se serait pas attendu peut-être que l’élan viendrait du midi. Cependant ce n’est encore là qu’une première création ; parlons de deux autres qui n’ont pas moins d’importance.

Marseille a institué en 1872 une école supérieure de commerce, pépinière de futurs négocians instruits et exercés. Elle a pris modèle sur les écoles pratiques d’Anvers et de Mulhouse, et Le Havre, Rouen, Lyon, n’ont pas tardé à suivre cet exemple. Dans ces écoles, la connaissance des langues étrangères, les usages du commerce, les produits dont il trafique, tout cela est enseigné à fond. Cette éducation technique est complétée par des excursions fréquentes et, à la fin des études, par un voyage à l’étranger, sur lequel l’élève rédige un mémoire. Tout récemment, Marseille a fondé aussi une Société de géographie, non point théorique comme tant de sociétés savantes de même ordre, mais d’application. Un musée ethnologique et maritime, un musée de matières premières, une bibliothèque spéciale, des cours populaires de géographie commerciale et industrielle, c’est là ce qui a été créé tout d’abord et mis à la portée de tous. Quelle ville, mieux que Marseille, pouvait entreprendre des fondations aussi utiles et leur donner la vie ? Le commerce en profitera, en a déjà profité amplement. On accuse nos négocians de ne pas connaître assez l’étranger, d’ignorer les besoins, les usages des places lointaines, les produits que fournissent les différentes régions du globe, de ne parler aucune autre langue que la leur. Sans examiner si tous ces reproches sont fondés, il est évident qu’avec des institutions du genre de celles qui viennent d’être indiquées, ce sera la faute de la jeune génération qui arrive aux affaires, si elle ne s’y présente pas armée de toutes pièces et savamment préparée.

Tout ce qu’on vient de dire, tout ce que Marseille a déjà entrepris pour développer utilement son commerce, ne suffit pas. Pourquoi Marseille hésite-t-elle encore dans la construction de ce parc à bestiaux qui aurait fait depuis longtemps sa fortune ? toute la Méditerranée, nous l’avons vu, lui envoie son bétail. La Corse, l’Italie péninsulaire, la Sardaigne, la Sicile, l’Espagne, le Maroc,