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vraies améliorations dans le sort des plus humbles producteurs. Il n’est pas douteux que la création de ces grands établissemens, véritables bazars universels où les produits les plus divers se vendent côte à côte, dont il serait intéressant à coup sûr de faire la monographie, comme les maisons du Bon-Marché, du Louvre, de la Belle-Jardinière, etc., ont réalisé des avantages inappréciables pour le consommateur eh rassemblant pour lui dans le même local des objets qui, pris isolément, ne lui coûtent pas moins peut-être qu’auparavant lorsqu’ils sont de la même qualité, mais dont la juxtaposition constitue une véritable économie de temps et par conséquent d’argent. Le profit n’est pas moins réel encore pour le producteur ouvrier, en ce qu’il trouve un acheteur toujours prêt, disposé en quelque temps que ce soit à s’approvisionner d’avance, substituant à une multitude d’intermédiaires et de petits commerçans vivant de reventes successives un entrepreneur unique à qui la multiplicité des opérations permet de se contenter d’un minime gain sur chacune et de rémunérer davantage l’ouvrier qui fabrique chez lui sans crainte de morte-saison. Tous ces changemens dans les mœurs commerciales et industrielle » de Paris ont favorisé ainsi les progrès de l’aisance générale ; mais surtout l’affluence de plus en plus grande des étrangers venus pour y payer sans compter les jouissances que la capitale de la France peut seule leur offrir se présente comme la principale cause de ce rapide épanouissement.

Sommes-nous toutefois arrivés à une prospérité telle qu’il soit possible de compter avec sécurité sur l’avenir ? — La situation de la ville de Paris est-elle absolument satisfaisante ? Nous n’oserions l’affirmer encore. Et d’abord rappelons que pour l’année 1877 et pour l’année 1878, à côté du budget ordinaire de la ville figure un budget extraordinaire de 57 et de 37 millions, dont la presque totalité comme recettes provient de l’emprunt. — A coup sûr, la nécessité de recourir à cette source de revenu, si elle se justifie par l’emploi auquel on l’applique, n’en révèle pas moins un embarras financier qui doit avoir un terme : il ne saurait être admis qu’on emprunte toujours et dans chaque exercice ; mais on peut répondre qu’on n’aura pas toujours de dépenses extraordinaires à solder, et qu’en diminuant celles-ci le revenu ordinaire et normal suffira. Or, dans les dépenses extraordinaires de 1877, on voit d’abord figurer l’ouverture de l’avenue de l’Opéra, inscrite, il est vrai, seulement pour mémoire, attendu que la ville espérait, et le fait a prouvé qu’elle avait calculé juste, payer toutes les dépenses de l’entreprise, expropriations, indemnités, voie publique, par la revente des terrains eux-mêmes, c’est-à-dire sans qu’il lui en coûtât rien ; vient ensuite le prolongement du boulevard Saint-Germain, avec une