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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 22.djvu/764

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la faire réussir, sans rien épargner, et de ce côté-ci l’on suivra ponctuellement vos ordres et les avis que vous donnerez… » — « .. J’attends dimanche avec impatience., lui écrivait-il le 3 novembre, pour savoir de vous des nouvelles assurées. Je n’ai rien à vous recommander de nouveau, sachant bien que vous ne perdrez pas un moment de temps, et que vous avez autant de passion pour ce qui me touche que moi-même… » — « Je ne vous fais point de compliment de toutes les peines que vous prenez pour moi, lui disait-il le 7 novembre. Vous savez que notre amitié est au-delà de toutes les paroles, et si je vous en disais beaucoup sur ce sujet, je suis assuré que vous vous moqueriez de moi. Il ne se peut rien ajouter à votre conduite, et je ne vous mande point les sentimens que j’ai sur celle que l’on doit tenir dans mon affaire de ma nomination, parce que je m’en remets absolument aux vôtres, et parce que j’ai toute et parfaite confiance en vous. Son altesse royale est satisfaite au dernier point de vous, et il n’est pas imaginable avec quelle impatience il attend la nouvelle de la promotion. Je ne vous fais celle-ci que d’un mot, parce que tout le particulier de toutes choses est dans la lettre chiffrée. Je suis à vous de tout mon cœur… »

Comme on vient de le voir, le coadjuteur avait envoyé à Rome, bien avant de recevoir sa nomination au chapeau, un certain abbé de Barclay. C’était un homme avide, dangereux, compromettant, plus brouillon qu’habile. Barclay prit ombrage de l’arrivée à Rome de l’abbé Charrier, et lorsqu’il le vit nanti d’aussi grosses sommes, il s’imagina qu’il pourrait bien aussi avoir part à la curée. Il devint grondeur, chercha querelle à l’abbé Charrier et se répandit en sourdes menaces contre le coadjuteur, en vue de tirer de lui le plus d’argent possible. Le coadjuteur, averti de ce contre-temps, écrivit à Charrier : « S’il ne tient qu’à quelque somme qui ne soit pas trop considérable pour contenter cet esprit intéressé, il vaut mieux la lui donner que de lui laisser faire quelque sottise, qui serait toujours fâcheuse, parce qu’il a paru à Rome que je l’avais employé en quelque chose dont je me repens fort… » En conséquence, l’abbé Charrier, pour faire taire Barclay, s’empressa de suivre le conseil du coadjuteur et réussit pleinement.

La correspondance de Retz devenait de plus en plus pressante. « Je vous envoie, écrivait-il à Charrier le 7 novembre, des lettres de M. le duc d’Orléans au même sens et aux mêmes personnes que vous les avez souhaitées. Je vous puis assurer que ses intentions ne paraissent pas encore si expresses sur ce sujet qu’elles le sont dans son cœur. La passion qu’il a de cette affaire est au-delà de l’imagination. Je n’ai point rendu à Monsieur la lettre du cardinal Orsino, parce que j’ai mieux aimé la réserver jusqu’à ce que j’aie reçu les