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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 22.djvu/897

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de la pratique de l’ancien régime. « Le département des affaires étrangères sous l’ancienne monarchie, lisons-nous dans un rapport de la fin de l’an II, était le seul bien administré. Depuis Henri IV jusqu’en 1756, les Bourbons n’ont pas commis une faute majeure. Depuis Henri IV jusqu’au régent, les rois ou un premier ministre dirigeaient, lisaient et signaient de leur propre main les dépêches. Le ministre n’était qu’un scribe, un secrétaire d’état des volontés du maître. Ce maître était l’héritier de quelque principe de famille, de quelques axiomes, bases des vues ambitieuses de la maison de Bourbon, au préjudice des maisons rivales. Nos tyrans ne s’écartèrent jamais de ces axiomes et, forts de l’industrie nationale, ils parvinrent à donner à la France les degrés d’étendue qui en ont fait la puissance la plus terrible au dehors. Dans toutes nos guerres, une province nouvelle était la récompense de notre politique et de l’usage de nos forces. » Il est impossible d’indiquer plus exactement l’ancienne politique française, à laquelle on éprouvait le besoin de se rattacher pour l’avenir. Le comité crut devoir prendre pour lui le rôle des rois, c’est-à-dire la direction générale de la politique. Dès lors il lui fallait des bureaux; sous le nom de « section des relations extérieures, » le comité institua auprès de lui une sorte de ministère restreint, chargé uniquement de la politique. Il y avait donc alors deux ministères des affaires étrangères, puisque la commission n’avait pas été supprimée.

L’un et l’autre furent transformés profondément. La section des relations extérieures, sur laquelle Martin de Douai paraît avoir eu longtemps la haute main, comprenait trois bureaux dont les chefs étaient Reinhard, Otto et Colchen, qui se partageaient la correspondance politique. Les bureaux de la commission étaient calqués sur ceux de la section : ils ne devaient s’occuper que des affaires commerciales et des réclamations particulières. — L’ignorance du passé diplomatique était ce qui gênait le plus les membres du comité de salut public : ainsi qu’on l’a vu, ces hommes nouveaux, ardens à tout transformer, sentaient eux-mêmes que l’histoire est la principale conseillère de la diplomatie. Pour s’inspirer des précédens et se pénétrer de la politique des rois, il fallait compulser le dépôt des archives, source unique et indispensable. Dans cette vue, le comité groupa, sous le nom de bureau d’analyse, un certain nombre de commis et de publicistes qui furent chargés d’écrire une histoire de la diplomatie française depuis la paix de Westphalie. Les uns travaillaient à Versailles, au dépôt, qui n’avait pas encore été transféré à Paris, d’autres à la commission, d’autres enfin auprès du comité, pour analyser les négociations les plus récentes. Anquetil et Flassan sont les membres les plus connus du bureau d’analyse ; le