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dollars et un capital obligations de 85 millions de dollars, et la mise en vente de leurs lignes a été ordonnée ; il a été procédé, dans la même période, à la vente des lignes de trente-deux compagnies précédemment déchues, dont le capital actions s’élevait à 50 millions de dollars et le capital obligations à 75 millions de dollars ; enfin, seize compagnies avec un capital actions et obligations de plus de 150 millions de dollars ont été mises sous séquestre, et leurs lignes sont exploitées pour le compte de leurs créanciers. Indépendamment de ce capital de 2 milliards de francs qui est ou perdu ou gravement compromis, on n’évalue pas à moins de 3 milliards la dépréciation qu’ont subie les titres des compagnies qui n’ont pas encore succombé. Cette déplorable situation est le résultat tout à la fois de la stagnation de l’industrie manufacturière et de la concurrence désespérée que les compagnies se sont faite pour attirer à elles les transports qui ne suffisaient plus à les alimenter toutes. La plus importante source de trafic pour les chemins de fer est la distribution dans la région de l’ouest des produits européens qui sont débarqués dans les grands ports, et des produits de l’industrie américaine, concentrée presque tout entière dans les états riverains de l’Atlantique. En retour de ce qu’il reçoit de ces états, l’ouest expédie du bétail vivant et des produits agricoles pour l’alimentation des grandes villes, des céréales et des salaisons pour l’exportation. Les compagnies qui ont pour tête de ligne un des grands ports ont dû chercher à relier leurs chemins avec les villes importantes de l’ouest, Saint-Louis, Louisville, Cincinnati, Columbus, Indianapolis, Chicago, qui sont les entrepôts de tout le bassin du Mississipi. Pour atteindre ce but, elles ont multiplié les embranchemens ; elles ont acheté ou affermé toutes les lignes qui pouvaient servir à leur dessein ou qui pouvaient être utilisées par leurs concurrens. Ainsi se sont formés les grands réseaux que les Américains désignent sous le nom de trunk lines, parce qu’ils se ramifient comme des troncs puissans qui étendent leurs branches dans toutes les directions. Quatre réseaux dépassent tous les autres en importance : le premier, en commençant par le sud, est le Baltimore et Ohio, qui dessert le Maryland, la Virginie occidentale et l’Ohio, et qui, par deux embranchemens, atteint d’un côté Washington, la capitale de la confédération, et de l’autre Chicago, en traversant Pittsburg, centre de la production minière et métallurgique de la Pensylvanie. On trouve ensuite, en remontant vers le nord, le Central-Pensylvanien, dont la tête de ligne est Philadelphie, et dont la prospérité devait sembler à l’abri de toute atteinte, si l’on considère le nombre et l’importance des charbonnages et des hauts-fourneaux qu’il met en relation d’une part avec la vallée du Mississipi, et de l’autre avec les états atlantiques. L’Erié dessert l’état de New-Jersey, partage avec le