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CORRESPONDANCE.


M. le vice-amiral Jauréguiberry nous adresse une rectification que nous nous empressons d’accueillir. Le dernier numéro de la Revue des Deux Mondes, celui du 1er octobre, contient, dans un article intitulé : la Politique française en Cochinchine, le paragraphe suivant :

« Deux mois après le départ de l’amiral Rigault, le capitaine de frégate Jauréguiberry toucha à Saïgon en route pour la Chine, où il portait des renforts. Il trouva l’armée annamite, forte de 3,000 hommes de troupes régulières et de 7,000 miliciens, retranchée dans un camp fortifié, dont les lignes incessamment développées tendaient à nous enfermer dans la ville jusqu’au jour où il serait possible de nous y attaquer et de nous rejeter à la mer. Il avait à bord un bataillon d’infanterie de marine. Lancé contre les retranchemens ennemis, ce faible détachement vint s’y briser sans pouvoir les enlever ; le commandant se vit obligé de rembarquer ses soldats et de partir pour sa destination définitive, abandonnant la garnison de Saïgon, qu’il avait vainement voulu dégager. »

N’ayant pas à bord tous mes papiers, je ne puis dans ce moment citer des dates précises ; mais voici comment, après la prise de Saïgon, à laquelle j’ai assisté non en simple spectateur de passage ; mais en acteur jouant un rôle des plus actifs, les choses se sont passées :

D’abord, en partant pour retourner à Tourane, l’amiral Rigault de Genouilly m’a laissé à Saïgon en qualité de commandant supérieur des forces de terre et de mer, et j’ai conservé cette position jusqu’au 1er avril de l’année suivante, c’est-à-dire pendant plus d’un an. J’avais à ce moment sous mes ordres : le Primauguet, le Catinat, la Durance, la Dragonne, la Fusée, un petit bateau à vapeur, le Lily, je crois, qui était commandé par M. Rieunier, alors lieutenant de vaisseau, et environ 500 hommes de troupes françaises et espagnoles. Nous étions serrés d’assez près par une armée cochinchinoise forte d’environ 8,000 hommes, lorsque la Marne, commandée par M. le capitaine de frégate de Freycinet, arriva de France. Elle portait un bataillon d’infanterie de marine à Tourane, et l’amiral m’avait autorisé à profiter du passage de ce navire à Saïgon pour me dégager, mais sans entreprendre aucune opération tendant a nous étendre au-delà de nos positions. J’organisai donc une colonne d’environ 700 à 800 hommes, avec laquelle je m’avançai dans la direction de Ki-hoa ; là je me trouvai subitement en présence d’une armée ennemie rangée en bataille, qui m’attendait de pied ferme. L’attaque commença aussitôt, et deux heures après les Cochinchinois fuyaient en pleine déroute ; leur camp, livré aux flammes, était détruit avec tous les approvisionnemens fort nombreux qu’il contenait ; un fort placé à