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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/435

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continue des prix. En 1852, on a consommé à Paris 78 millions d’huîtres, dont le prix à la halle était de 2 fr. 27 cent, le cent ; en 1872, la consommation était descendue à 13 millions, et le prix était monté à 11 fr. 21 cent. A partir de 1873, la production s’est un peu relevée ; mais les prix n’ont pas fléchi, à cause de la demande toujours plus forte. Ils sont encore de 11 à 12 francs le cent à la halle, et de 15 à 18 francs au détail. Depuis quelques années, les huîtres qui viennent des côtes du Morbihan sont particulièrement appréciées à Paris. Elles y sont connues sous le nom d’huîtres armoricaines ou de Sainte-Anne (d’Auray). Si nos parcs arrivent jamais à produire ce que donnent ceux des Américains, on pourra aussi mariner et conserver l’huître, et l’envoyer au loin en boîtes soigneusement confectionnées ; les leurs arrivent ainsi jusqu’en France. Développons nos pêcheries, développons notre production huîtrière : c’est le moyen de fournir une occupation avantageuse à tous les habitans de nos côtes, et d’apporter en même temps à nos navires de commerce un nouvel élément de fret qui n’est point à dédaigner.


III. — LA NAVIGATION DE LA LOIRE.

De tous les fleuves de la France, la Loire est celui qui, pour le marin, a la meilleure embouchure, celui où les navires, par tous les temps, peuvent entrer et sortir avec le plus de facilité et le moins de dangers : favet Neptunus eunti, comme le dit la devise que Nantes porte sur ses armes. Malheureusement la Loire est aussi celui de nos fleuves qui, à l’intérieur des terres, est le plus indisciplinable, celui sur lequel on peut le moins aisément naviguer. En-deçà de Nantes, pendant une grande partie de l’année, la Loire n’est pas accessible aux bateaux. La Seine, à l’entrée dans Paris, débite à l’étiage, c’est-à-dire aux plus basses eaux, 75 mètres cubes d’eau par seconde, dans un lit de 150 mètres de large ; à Orléans, la Loire débite trois fois moins d’eau dans un lit deux fois plus large, et c’est ainsi tout le long du parcours. A Tours, elle occupe une largeur qui est trois fois celle de la Seine, et ne roule qu’un volume d’eau de 65 mètres cubes. Elle coule en minces filets, à travers un labyrinthe d’îles de sable. Partout elle jette, à droite, à gauche, des dépôts sablonneux, qu’à chaque instant elle déplace et qu’elle finit par charrier à la mer. Entre Orléans et tours, pendant six mois de l’année, ce n’est qu’une plage de sable, où le fleuve disparaît presque entièrement, coulant en nappes souterraines.

La Loire est celui de tous nos grands cours d’eau qui a le plus long parcours ; elle mesure 1,000 kilomètres de sa source à son embouchure, du flanc des montagnes du Vivarais, où elle sourd au Gerbier-des-Joncs, au port de Saint-Nazaire, où elle vient mourir ;