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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/439

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la plupart du temps toute l’allure industrielle d’un pays ? Malheureusement les canaux ont pour concurrens les chemins de fer, qui luttent à mort contre eux. Au moyen des tarifs différentiels, qui permettent un si notable abaissement du fret kilométrique sur une distance plus grande, on a forcé la compagnie de Blanzy à prendre la voie ferrée au lieu de la voie d’eau. Des cinq remorqueurs à vapeur qu’elle avait sur la Loire, il ne lui en reste plus qu’un seul, qui fait les voyages entre Nantes et Saint-Nazaire et Nantes et Angers ; elle est même arrivée à mêler aux siens des menus anglais de Cardiff. Elle n’en produit pas moins chaque année 20,000 tonnes d’agglomérés dans son usine de Nantes, et cet exemple est bon à enregistrer.

Nous savons que la Loire n’est pas navigable toute l’année. Les crues, les basses eaux, les glaces, les brouillards, y arrêtent entièrement la navigation au moins six mois sur douze. C’est là une condition des plus fâcheuses. Nous savons aussi que tous les endiguemens, tous les genres d’améliorations tentées sur la Loire, même sur la Loire maritime, entre Nantes et Saint-Nazaire, n’ont pas réussi jusqu’à présent. Il faut chercher ailleurs, soit dans des approfondissemens, des draguages, qui paraissent presque impossibles à réaliser d’une manière certaine et durable, soit plutôt dans la création d’une canalisation latérale, le moyen de tirer parti des eaux du fleuve jusqu’à Nantes. Si cette canalisation s’exécute, il faudra donner au canal le même tirant d’eau partout, et à toutes les écluses les mêmes dimensions, en largeur et en longueur, de manière à ce que tout ce travail présente une uniformité, une homogénéité qui permette d’aller sans transbordement, sans rompre charge, jusqu’aux plus lointaines distances ; or, l’on sait que cela ne. peut encore se faire en France sur aucune de nos voies navigables artificielles.

Sur la rive droite ou la rive gauche de la Loire, ces canaux seconderont l’agriculture, lui amèneront à bas prix les amendemens les engrais dont elle a besoin et transporteront vers les usines et vers les ports, notamment celui de Nantes, les produits du sol et du sous-sol : céréales, bois, fourrages, chanvres, vins, ardoises houilles, minerais, et les produits des usines métallurgiques, de céramique ou de verrerie. Montluçon, à l’une des extrémités du canal du Cher, Montluçon, déjà si réputé par ses houillères, ses forges, ses verreries, ses cristalleries, pourrait ainsi devenir un jour une espèce de Birmingham, dont Nantes serait comme le Liverpool.

Si l’amélioration complète et durable de la Loire fluviale n’est pas possible directement, et s’il faut, pour tirer parti du fleuve recourir forcément à la canalisation latérale dont il vient d’être parlé,