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cielle, — constituant en réalité une sorte de mise en accusation du gouvernement, sinon sans phrases, du moins sans ménagemens. La lutte est maintenant engagée, dans les termes les plus extrêmes ; elle devait inévitablement, éclater avec ce caractère dès la première rencontre de la chambre nouvelle et du gouvernement, puisqu’après l’avoir préparée depuis six mois, on semble s’être proposé jusqu’à La dernière heure de l’attendre, de la braver, au lieu de la détourner ou de l’adoucir.

Oui, en vérité, rien n’a été négligé pour aggraver et envenimer un conflit qu’il fallait s’efforcer d’atténuer, et aujourd’hui voilà le résultat : c’est une situation où tout conspire pour les guerres à outrance, pour les solutions extrêmes, où les chances de conciliation s’épuisent, et où jusqu’au dernier moment cependant, même en présence des hostilités ouvertes, il reste la grande et éternelle victime, l’intérêt public, pour réclamer la paix. Évidemment il y a quelque fatal malentendu, quelque méprise désastreuse, et ce qui a tout compliqué, c’est que depuis trois semaines on n’ait pas même réussi à se reconnaître, à remettre un certain équilibre dans nos affaires troublées, c’est que le ministère, qui a la responsabilité de cette malheureuse crise, soit resté jusqu’au bout comme l’expression vivante d’une pensée de résistance et de conflit. Que dans un moment un peu effaré, il y a six mois, on ait pu croire à la nécessité d’une grande mesure telle que la dissolution de la chambre des députés, que même pendant la lutte on ait pu se faire des illusions et se laisser entraîner aux plus étranges abus dans l’espoir d’une victoire électorale qui absoudrait tout, soit, on peut le comprendre encore ; mais après le vote significatif du pays, à qui on avait fait appel, lorsqu’il n’y avait plus d’illusions possibles, la première condition était tout au moins, de montrer que cet appel, dont on avait pris l’initiative, avait un caractère sérieux. C’était un acte de prévoyance de détendre pour ainsi dire la situation, ne fût-ce que par un témoignage mesuré de déférence pour une grande manifestation d’opinion. La présence obstinée au pouvoir d’un ministère qui ne représentait plus que la guerre et la défaite ne pouvait plus avoir d’autre effet que d’entretenir et d’accroître les irritations, de préparer des difficultés nouvelles, d’engager un peu, plus M. le président de la république dans une inévitable collision. Le ministère lui-même l’avait senti, puisqu’il avait donné sa démission ; M. le président de la république, lui, aussi, l’avait senti, puisqu’il avait accepté cette démission, en se réservant seulement le temps de s’arrêter à des combinaisons, nouvelles. Ces combinaisons qu’on a dû chercher, où sont-elles ? qu’a-t-on fait sérieusement pour dénouer une crise, que chaque instant aggravait ? . Ce n’était pas apparemment M. Pouyer-Quertier qui devait avoir la vertu de tout pacifier. En dehors de ce ministère mort-né de M. Pouyer-Quertier, tout ce qui a été plus ou moins, essayé reste inconnu, et c’est ainsi qu’en perdant les heures et les jours on s’est