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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/537

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III.

Ainsi que son nom l’indique de façon un peu pédante, la Glyptothèque est le musée de sculpture de Munich. C’est un vaste bâtiment construit par M. de Klenze et d’une parfaite appropriation. Une suite de salles, prenant jour sur une cour intérieure, renferment les sculptures disposées autant que possible suivant l’ordre chronologique. Ces salles sont peu remplies; quelques-unes même sont encore entièrement vides. Malgré sa fondation récente, la Glyptothèque renferme cependant quelques antiques remarquables. Nous nous contenterons de citer en passant des bas-reliefs de bronze, fragmens d’un char étrusque trouvé près de Pérouse, travail d’un art encore grossier et d’une très haute antiquité; un Apollon découvert au pied de l’Acrocorinthe, œuvre d’un style primitif et d’une raideur tout à fait hiératique avec sa tête étrange et ses bras collés au corps, mais dont certains morceaux, les jambes par exemple, sont déjà d’un modelé très habile; enfin le Satyre endormi, connu sous le nom de Faune Barberini, admirable de largeur et de délicatesse, bien qu’un peu compromis par des restaurations maladroites. La souplesse du torse, la grâce nonchalante de la tête, doucement penchée sur un bras, l’abandon de la pose, tout dans cette belle figure respire le calme et la poésie du sommeil. Mais, quel que soit le mérite de ces ouvrages, il est permis de dire que les marbres d’Égine constituent la véritable richesse du musée, et en font un foyer d’études exceptionnel pour l’histoire de la sculpture grecque.

Tout ce qui se rattache à leur découverte a été exposé ici même avec détail[1]. Quant à la question archéologique soulevée à cet égard, bien que les savans de l’Allemagne aient dépensé pour la résoudre des flots d’encre et qu’ils aient échangé entre eux mainte aménité, il faut convenir que les solutions présentées par eux ne s’imposent pas avec un caractère suffisant de certitude, aujourd’hui que le débat semble un peu calmé, nous n’avons ni le goût ni la prétention de le renouveler. En nous abstenant de toute appellation formelle pour la lutte à laquelle ces guerriers prennent part, nous nous bornerons à y voir ce que tous s’accordent à y reconnaître, c’est-à-dire un de ces combats homériques dont la représentation fut primitivement fort usitée en Grèce. Le point de vue esthétique d’ailleurs domine singulièrement ici la question archéologique et nous paraît avoir un bien autre intérêt. Les œuvres que nous considérons ont sous ce rapport un caractère très nettement défini :

  1. H. Fortoul, de l’Art grec. — Revue du 15 septembre 1839.