Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/615

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES SOUVENIRS
DU
CONSEILLER DE LA REINE VICTORIA

X.[1]
LA QUESTION DU PRINCE ALBERT.

Au mois de novembre 1850, le baron de Stockmar, qui était récemment revenu de Cobourg à Windsor, écrivait dans son journal : « Il y a déjà longtemps que je tiens lord Palmerston pour à moitié fou. » Et le 22 décembre de la même année, reprenant ce sujet dans une lettre, il s’exprimait en ces termes : « Depuis que je suis de retour ici, c’est-à-dire depuis environ deux mois, il a fait des extravagances qui confirment de jour en jour mes soupçons d’ancienne date : c’est un homme qui n’a plus sa tête. La tentation était grande pour le prince de l’assaillir et de le renverser. Je l’en dissuadai énergiquement et je réussis à le contenir. Je lui conseillai de se borner au rôle de simple spectateur, bien persuadé que, si Palmerston avait besoin d’un dernier choc pour être mis à bas, ses collègues eux-mêmes le lui donneraient. »

À quels événemens se rapportent ces étranges paroles ? Quels motifs pouvaient pousser le mari de la reine à un tel assaut contre le ministre des affaires étrangères ? Qu’y avait-il entre le prince Albert et lord Palmerston ?

Cette affaire est celle que Stockmar appelle la question du prince

  1. Voyez la Revue du 1er janvier, du 1er février, du 1er mars, du 1er mai, du 15 août, du 1er novembre, du 1er décembre 1876, du 15 mars et du 1er novembre 1877.