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lui-même, comme au centre des lumières et de l’activité intellectuelle, au moyen de cinq comités qu’un des fonds du budget permettait de doter richement pour qu’ils pussent servir d’intermédiaires à cette action nouvelle et féconde[1] » Voilà certes une bonne pensée, la meilleure et même la seule vraie, selon nous, celle-là même que nous nous proposons de reprendre pour notre propre compte. Malheureusement M. de Salvandy l’a gâtée par sa prétention d’enlever à l’Institut et de garder pour lui-même la nomination des membres de ces cinq comités ; aussi ce projet d’organisation a-t-il bien vite échoué.

A défaut de l’Institut, c’est par les bureaux de son ministère que M. de Salvandy voulut donner l’impulsion, la suite et l’ensemble aux travaux des sociétés savantes. Il ordonne la publication d’un annuaire des sociétés scientifiques et littéraires de la France, la formation au ministère d’une bibliothèque des mémoires de ces sociétés : il annonce l’envoi régulier à chaque société des publications de l’Institut ; enfin il donne l’espérance d’une participation aux fonds de secours du budget pour la science et pour les lettres, à celles qui s’en rendront dignes par leurs travaux[2]. L’Annuaire des sociétés savantes a en effet paru, mais deux fois seulement, en 1846 et en 1848. il y a au ministère une bibliothèque des sociétés savantes qui contient d’intéressans documens pour l’histoire académique de la France et dont les développemens sont une gêne pour les services administratifs. L’envoi des publications de l’Institut aux sociétés savantes n’a jamais eu lieu. Quant à la répartition des fonds de secours, elle ne s’est pas élevée au-dessus de la somme insignifiante de quelques centaines de francs, même pour les sociétés les plus importantes et les mieux recommandées.

De M. de Salvandy à M. Fortoul, les ministres de l’instruction publique, dans leur court passage aux affaires et pendant des jours d’orage, n’eurent guère le loisir de songer aux sociétés savantes. Mais M. Fortoul reprit et chercha à perfectionner l’œuvre de ses prédécesseurs. En créant de vastes circonscriptions universitaires et des grands recteurs, il recommande à ces hauts fonctionnaires de se mettre en rapport avec les sociétés savantes de leur ressort. « Vous trouverez dans ces sociétés, spécialement vouées à l’étude de la science locale, des centres où se conservent, avec le culte intelligent des traditions particulières à la province, l’amour sincère du pays. Je vous invite à vous mettre en rapport avec leurs présidens, à leur assurer le concours de leurs lumières et de votre autorité[3]. » S’adressant ensuite aux présidens des sociétés savantes,

  1. Circulaire du 12 octobre 1845.
  2. Circulaire aux sociétés savantes du 12 octobre 1845.
  3. Circulaire du 10 janvier 1856.