durable prospérité, car le, diplôme délivré dans de telles conditions inspire moins d’estime, et ne communique pas son renom à celui qui le reçoit. La faculté trop indulgente aux examens verrait peu à peu dédaigner le diplôme qu’elle contre-signe. Toutefois un diplôme, même dédaigné, trouve toujours quelques preneurs, et la multiplication rapide des facultés n’en reste pas moins une expérience dont il faut prévoir les inconvéniens possibles. Ces inconvéniens s’effacent, si, au lieu de multiplier les facultés, on crée dans les grands centres, là où les ressources cliniques abondent et où les hommes de valeur se rencontrent, des établissemens scientifiques, bien dotés, où la science pourra être cultivée avec fruit, mais où le diplôme ne se délivre pas. Ces établissemens prépareront d’autant mieux pour l’obtention du diplôme qu’ils ne pourront le donner eux-mêmes. Les écoles de plein exercice enseignent, et les résultats de leur enseignement sont jugés par d’autres professeurs que les leurs, et dont on ne saurait attendre une indulgence fâcheuse. Tout est avantage dans ces conditions, tout y devient excitation à bien faire. Une faculté n’a pas honte d’elle-même lorsqu’elle ajourne aux examens un grand nombre d’élèves ; elle examine, et puis dispense ses sévérités, sans que personne au-dessus d’elle les puisse retourner contre elle-même. Il en serait autrement pour l’école de plein exercice. Celle-ci verrait son crédit atteint si ses élèves étaient trop largement refusés aux examens de faculté ; elle s’attachera à ce qu’ils lui fassent un bon renom devant les juges qu’ils affrontent.
L’établissement des écoles de plein exercice n’est donc pas à redouter ; elles ne seront jamais d’ailleurs bien nombreuses. Seules les très grandes villes peuvent se donner le luxe de cet enseignement médical. Luxe utile et fécond, car une école de plein exercice qui prospère est peut-être le plus profitable des établissemens d’instruction supérieure qu’une riche et populeuse cité puisse ambitionner. Si cette prospérité s’accuse et se maintient, elle peut devenir un point de départ excellent pour l’institution d’une faculté. L’école de plein exercice suscitera peu à peu, là où elle est établie, une forte tradition médicale ; elle y centralisera un mouvement scientifique propre, y créera un milieu où se prépareront tous les élémens constitutifs d’une faculté. Mais tout cela est l’œuvre lente du temps. Les écoles de plein exercice peuvent honorablement vivre et durer telles qu’elles sont. Il n’y a pas à souhaiter leur prompte transformation en facultés.
Nous avons fait connaître, au début de cet exposé, le régime des écoles préparatoires de médecine, aujourd’hui au nombre de seize,