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cantons les plus reculés, par l’intermédiaire et le rayonnement des sociétés affiliées, elle trouverait des auxiliaires intelligens et dévoués, empressés de répondre à son appel. Combien d’observations importantes qui ne se font pas ou qui, une fois faites, se perdent, faute d’instructions données ou faute d’un centre où elles devraient aboutir !

L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres n’aurait pas à se féliciter de moins nombreux et de moins riches tributs, s’il est permis de se servir de cette expression du XVIIIe siècle pour de libres collaborateurs. Les divers objets de ses travaux, antiquités, inscriptions, archéologie, monumens historiques, tiennent une grande place dans les travaux et les publications de la plupart des sociétés savantes. Ce serait à elle de guider les recherches sur nos vieilles pierres et nos vieux manuscrits, les fouilles dans notre sol ou dans nos archives. Enfin, chargée de restaurer nos antiquités nationales et notre ancienne histoire, elle seule publierait les documens historiques qui en sont les monumens et les pièces à l’appui.

Ici nous rencontrons, sur le terrain même de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et en une sorte d’antagonisme avec elle, le Comité des documens historiques. N’est-il pas étrange que les savans continuateurs de l’histoire littéraire et ecclésiastique de la France, que les érudits connus de l’Europe entière qui publient les grandes séries de monumens de notre histoire nationale, les historiens des croisades, les historiens des Gaules et de la France, n’aient pas été chargés de choisir et de publier les documens historiques ? Pour quelle raison M. Guizot, qui regrette « que la mine si riche de nos archives soit abandonnée à des individus isolés, » n’a-t-il pas remis à l’Académie des Inscriptions le soin de l’explorer ? Voici la seule raison qu’il en donne dans son rapport au roi : « A la vérité, parmi ces explorateurs volontaires, il faut distinguer l’Académie des inscriptions et belles-lettres qui travaille à recueillir diverses sortes de monumens relatifs à notre histoire nationale. Mais votre majesté a pu se convaincre, il y a quelques instans, de l’extrême exiguïté des ressources dont l’Académie dispose pour la publication de ses recueils et de la lenteur qui en résulte inévitablement. Aussi, quelle que soit l’excellence de ses travaux, ils sont insuffisans pour calmer les regrets et satisfaire les désirs de ceux qui veulent entrer en possession de tant de trésors encore inutiles et ignorés. » Si la seule exiguïté des ressources empêchait l’Académie de remplir une tâche qui lui appartient, combien il était simple et facile d’y trouver le remède en demandant pour elle les 120,000 francs qu’il portait annuellement au budget pour le comité !

Accroissement de ressources et d’influence par une association