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donnait accès à la mer, le gouverneur du Cap leur fit savoir que tout le littoral appartenait à l’Angleterre jusqu’au point où commencent les possessions portugaises. C’était les condamner à n’avoir d’autres intermédiaires que les Anglais dans leurs rapports avec le monde extérieur. Plus tard encore, le gouverneur du Cap leur enleva, bon gré, mal gré, comme il a été dit, la portion du Griqualand dont ils se croyaient maîtres. Pretorius avait signé la convention par laquelle cette affaire se terminait. Ce fut le signal de sa chute, le Volksraad blâma la convention qu’il avait consentie.il fallait élire un nouveau président. Le choix se porta sur un homme de caractère tout différent, le révérend François Burgers, ministre de l’église réformée hollandaise, qui avait habité jusqu’alors la colonie du Cap. Quoique ce fût un bon citoyen, de caractère pacifique, il fut incapable d’introduire des habitudes plus civilisées dans le pays dont l’administration lui était dévolue.

Entre le Vaal, qui se dirige vers l’Atlantique, et le Limpopo, qui s’écoule dans la mer des Indes, la république occupe un haut plateau d’étendue démesurée où se rencontrent à peu près tous les avantages que recherche la colonisation européenne. L’homme blanc peut y vivre jusqu’auprès du tropique, à condition que l’altitude du sol ne soit pas inférieure à 1,000 mètres. Là où des ruisseaux permettent d’irriguer les terres, le colon emblave en céréales ; ailleurs il se livre à la culture pastorale. Un peu partout, les richesses minérales se montrent avec abondance, la houille et les minerais de fer auprès de Pretoria, ailleurs le cuivre et le plomb, les pépites d’or entre Leydenburg et la baie de Lagoa. Jusqu’en ces derniers temps, on n’y comptait guère que 30,000 blancs contre 250 à 300,000 indigènes. Les boers, isolés du reste du monde, étaient bien libres du traiter leurs voisins de couleur comme ils l’entendaient ; il en fut autrement dès que les mines d’or attirèrent une population hétérogène, dans laquelle l’élément anglais était dominant.

M. Burgers avait deviné que cette immigration d’étrangers serait le signal de réformes intérieures. Il lui eût été difficile peut-être de supprimer tout de suite, les actes de violence que les fermiers se permettaient envers les tribus de leurs alentours. Il n’est donc que trop probable que la traite des enfans indigènes continua comme par le passé dans les cantons où le boer n’était soumis à aucune surveillance ; mais le président institua des juges, il ouvrit des écoles, il fit cadastrer les terres vacantes afin d’être en mesure de faire des concessions aux nouveaux arrivans. Lorsqu’il prit la direction des affaires, le trésor était vide et le pays inondé de papier-monnaie ; il sut rétablir le crédit. Pour démontrer que la république