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fondu, raffiné, coulé en lingots, laminé ; le zinc étiré en planches ; le plomb laminé ou étiré en tuyaux ; le fer est forgé en ancres, tordu en chaînes pour la marine ; on en fait des fils, des clous, des câbles. Une usine particulière est affectée à la purification et à la désargentation des plombs d’Espagne ; elle appartient à MM. de Rothschild. On y pratique sur les plombs espagnols, toujours très pauvres en argent, le procédé de séparation par le zinc, dont le principe a été découvert par le chimiste allemand Karsten en 1842, mais n’est appliqué en grand que depuis une douzaine d’années : il consiste en ce fait curieux que, si l’on fait fondre ensemble du plomb légèrement argentifère et du zinc, ce dernier métal s’empare de l’argent, pour lequel il a alors beaucoup plus d’affinité que le premier. On isole ensuite l’argent du zinc ; soit par l’oxydation de celui-ci, soit par la fusion avec des matières plombeuses, ou au moyen de quelques manipulations particulières parmi lesquelles celles imaginées par M. l’ingénieur Cordurié ont été de préférence adoptées.

Une fabrique de produits chimiques, où l’on prépare le chromate de potasse pour la teinture avec des fers chromés naturels tirés des États-Unis ou de Russie, a été établie au Havre. Elle a eu peine à lutter contre les fabriques rivales d’Angleterre, et l’on n’a pas cherché à entreprendre d’autres fabrications du même genre. On a été plus heureux dans l’établissement d’une verrerie et dans la filature du coton, où il faut citer la belle usine de M. Courant. Dans le raffinage du sucre, la concurrence des usines parisiennes semble arrêter l’essor des raffineries havraises ; de même que, dans la brasserie, on doit redouter la concurrence des bières allemandes importées. L’industrie de la corderie est moins florissante, par suite de la malheureuse situation de la marine ; il en est de même d’une boulangerie mécanique où l’on confectionne des biscuits pour les marins. Naguère on avait établi une rizerie, c’est-à-dire une usine à décortiquer le riz : elle a dû fermer ses portes ; à Nantes, cette industrie a mieux réussi. Enfin il faut mentionner les fabriques d’extraits de bois de teinture, qui sont en grande prospérité, et c’est tout.

Le Havre importe et pourrait recevoir en quantités plus considérables les graines oléagineuses de la côte d’Afrique, le pétrole brut des États-Unis, le nitrate de soude du Pérou. Il y a lieu de s’étonner qu’aucune huilerie de graines, aucune distillerie de pétrole, aucune fabrique de soude et d’acides minéraux, aucune savonnerie, n’existent dans ce port, alors qu’à Rouen et dans les environs de Paris on relève l’existence d’importantes usines de ce genre. On manqué de fret à la sortie, voici l’un des moyens d’en avoir : construire des usines où l’on élaborera sur une grande échelle la