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énormes faits pour ces expéditions, ne se lassait pas de répéter « qu’on allait courir les mers pour faire un peu mieux peut-être qu’il y a cent ans, mais rien de plus quant aux méthodes, et cela en négligeant ce qu’on avait chez soi. » Un jour, il s’échappe à dire : « Je démontrerai <ue ces observations sont sans valeur. On sera obligé d’avouer qu’on n’a pas obtenu de résultat[1]. « L’unanimité avec laquelle les astronomes des autres pays se sont prononcés en faveur de ces expéditions proteste contre cette appréciation pessimiste. En admettant même que la discussion du passage de 1874 ne donne pas encore la valeur définitive de la parallaxe du soleil, on aura du moins recueilli des matériaux d’observation qui ne peuvent être obtenus que très rarement, et qui dans l’avenir pourront acquérir une importance imprévue. D’ailleurs, comme l’a si bien dit M. Dumas, il ne faut pas oublier que, si le passage de Vénus sur le soleil ne revient que de siècle en siècle, il se répète deux fois à chaque période, à huit années de distance, — « comme si, pour chaque génération qui doit en être témoin, il y avait un premier passage d’essai destiné à éprouver toutes les méthodes que la science de l’époque peut fournir, et un second passage définitif, offrant l’occasion d’appliquer celles qu’on aura reconnues d’abord comme les plus correctes. » Les résultats des expéditions de 1874 serviront donc subsidiairement à préparer le choix des méthodes qu’on devra préférer pour les expéditions de 1882. Il a été déjà reconnu, en tout cas, qu’on avait eu raison de préférer l’image focale directe à l’image agrandie par un oculaire, mais qu’il eût mieux valu supprimer les miroirs, qui nuisent à la netteté des images. L’examen des photographies a permis aussi d’affirmer l’existence d’une atmosphère autour de Vénus. En dehors de ces résultats positifs, il y a tout cet ensemble de recherches et d’expériences auxquelles a donné lieu la préparation des expéditions, ce « labourage » en un mot qui a remué profondément le champ des idées, en concentrant sur un même problème les efforts d’une foule de chercheurs. N’oublions pas non plus Les observations de M. Bouquet de la Grye sur les marées à l’Ile Campbell, les collections de M. Filhol, le plan de Pékin levé par M. Lapied, etc. C’est cette utilité indirecte de ces grandes entreprises scientifiques qu’on n’apprécie pas assez : elle fait qu’en définitive les dépenses sont toujours productives. Ajoutons enfin que les instrumens dont on a fait l’acquisition pourront être utilisés de diverses manières. Le Bureau

  1. Procès-verbaux des séances de la commission du passage de Venus, p. 201. Ces procès-verbaux, qui remplissent un volume in-4o de près de 500 pages, forment la première partie du recueil de documens relatifs au passage de Vénus que publie l’Académie des sciences.